C'est un véritable cri de colère qui a été lancé, hier, par les chômeurs algériens. Venus des quatre coins du pays, des dizaines de jeunes ont organisé un sit-in devant le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale pour dénoncer leurs conditions de vie et exiger un travail. Les chômeurs se sont rassemblés vers 11h suite à l'appel du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC). Un dispositif sécuritaire les attendait sur place. Les jeunes, venus de Aïn Témouchent, Ouargla, Laghouat, Chlef… pour manifester pacifiquement, ont été durement malmenés par les forces de l'ordre qui ont encerclé le siège du ministère du Travail sis rue Belouizdad, à Belcourt, Alger. Les policiers ont tenté de disperser les manifestants. Certains ont été bousculés afin de les contenir sur un trottoir, alors que quatre parmi eux ont été interpellés avant d'être relâchés une heure après. “Nous sommes venus pour dire barakat el-hogra et ils nous ont répondu par des coups de bâton sur la tête !”, s'indigne Tahar Belabbes, coordinateur au Comité national de défense des droits des chômeurs du Sud. À travers cette action, les manifestants ont dénoncé leur précarité et le manque d'implication des pouvoirs publics dans la création de postes d'emploi. Pendant plusieurs instants, les contestataires ont clamé leur droit à un travail digne. “La politique de l'emploi est un véritable échec. Le gouvernement a, plusieurs fois, promis de trouver des solutions, mais visiblement il n'accorde que peu d'importance au problème du chômage, poussant ainsi les jeunes au désespoir et au suicide”, nous dira Farid, ingénieur au chômage. Les membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) ont demandé à être reçus par les responsables du ministère afin d'ouvrir un dialogue autour de leur plate-forme de revendications. Celle-ci se résume à l'augmentation de l'allocation-chômage de l'ordre de 50% du SNMG, l'ouverture de postes budgétaires, notamment au niveau de la Fonction publique, la nomination des contractuels et l'annulation des contrats à durée déterminée (CDD), la priorité au recrutement des Algériens dans les entreprises multinationales, l'interdiction des licenciements dits économiques ainsi que la nationalisation des entreprises stratégiques. Après des tractations avec les responsables du ministère, une délégation constituée de quatre représentants du comité des chômeurs a été reçue par des directeurs centraux. “Nous avons rencontré des cadres du ministère qui ont reconnu que nos exigences sont légitimes. Nous voulons du travail et de la dignité. Nous réclamons l'arrêt des licenciements abusifs et des mauvais traitements auxquels sont confrontés les chômeurs algériens”, a déclaré M. Samir Larabi, porte-parole du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC). Il a précisé que les représentants du ministère du Travail n'ont, toutefois, fait aucune promesse, ils se sont juste contentés de prendre en compte leurs revendications afin d'être étudiées.