Quelle place pour Rached Ghannouchi et son parti Ennahdha ? Quelle est la garantie de ce cercle si vertueux (décrit par Mahmoud Ben Romdhane, ndlr) est-il demandé aux orateurs ? Sur la place de Rached Ghannouchi et de son parti, «le débat est partagé», a souligné Youcef Bensmaïl. De son point de vue, exclure le parti islamiste, c'est «permettre à l'extrémisme d'aller jusqu'au bout». «Le peuple tunisien a montré qu'il est prêt à assumer le poids de l'islamisme. Ce n'est pas par l'exclusion que l'on crée des régimes pérennes». «Tous les Tunisiens sans exception ont droit à la liberté d'organisation. Les islamistes et Ennahdha ont été l'objet d'une répression féroce et de procès inéquitables. Une loi d'amnistie générale a été adoptée», a enchaîné Mahmoud Ben Romdhane. Cela dit, il y a des préalables et des questions que les Tunisiens posent à Ennahdha et à son dirigeant, a-t-il précisé : «Prendrez-vous l'engagement de ne pas vous renier selon que le rapport de force penche en votre faveur.» Et l'orateur de rappeler que lorsque le FIS s'apprêtait à remporter les élections législatives en Algérie, Ghannouchi reniait le code de statut personnel. Deuxième préalable : «Vous avez, semble-t-il, usé de violence et jeté du vitriol au visage de femmes. Prenez-vous l'engagement formel de ne plus y recourir ? » Autre préalable : «Vous avez infiltré les forces de sécurité, tenté un complot, voire plusieurs. Vous engagez-vous à présenter vos excuses ?» Et de faire remarquer que la révolte s'est faite sans Ennahdha, «absente», «complice de Ben Ali». Et aussi : «Nous sommes pour l'inclusion de toutes les forces politiques aux conditions posées. Les islamistes représentent une sensibilité de la Tunisie». «Aucun parti n'a le monopole de la religion ni ne peut l'utiliser à des fins politiques». «Les islamistes naissent et bourgeonnent sur le terreau du totalitarisme. Je suis confiant que la Tunisie ne laissera qu'une place limitée aux frustrations.» Et enfin : «Ennahdha se dit un parti à la turque, qu'il ne se présentera qu'aux élections législatives et qu'il se contentera de 10% des sièges à l'Assemblée nationale.» «Quant au cercle vertueux, c'est ce qu'a montré le peuple tunisien, son éveil, sa vigilance pour obliger toutes les parties à la démocratie. Nous sommes aujourd'hui dans un cercle vertueux.» Pour notre part, nous voulons bien espérer que les démocrates tunisiens ont mûrement médité l'expérience islamiste algérienne et qu'ils réussiront à contenir Ennahda dans le cadre que la Constitution lui assignera.