Bon an mal an, Fertial, arrive à placer en moyenne 600 000 tonnes/an d'ammoniac sur le marché international (européen et africain). Forte de plusieurs atouts, l'entreprise algéro-espagnole est à même d'améliorer ses performances à l'export. Cependant, elle a besoin du parrainage commercial de sa sœur aînée Fertiberia, la filiale espagnole du Groupe Villar Mir, propriétaire de Fertial Algérie. M. Requena, le DG, est optimiste quant à l'avenir de son entreprise surtout que la conjointure mondiale actuelle est plus que favorable et que le réseau de Fertiberia, par lequel son entreprise vend ses produits à l'étranger, ne cesse de s'élargir. En effet, note-il, c'est grâce à Fertiberia que la voie est ouverte à l'ammoniac algérienne vers le marché international. «Nos ventes à l'étranger sont canalisées par Fertiberia. Seuls, il nous est difficile de trouver une place à nos produits sur un marché où sont échangées plus de 150 millions de tonnes. En bon visionnaire, le propriétaire, Grupo Villar Mir a opté pour cette stratégie pour permettre à Fertial de développer ses parts du marché. Il est motivé par les atouts dont nous disposons : un savoir-faire incontestable et un capital humain avéré», se félicite-il. Les 600 000 tonnes sont, ainsi, glissées parmi les deux millions de tonnes produites et vendues par Fertiberia. Or, pour certains connaisseurs des rouages du marché, il s'agit simplement d'une stratégie de la société mère tendant à offrir à Fetiberia un produit au prix de revient des plus bas, en termes de main d'œuvre et gaz, pour les besoins de la transformation. Utilisé à environ 81% pour la fertilisation des sols, l'ammoniac est un gaz de base entrant dans la fabrication des engrais, tels que l'urée, le nitrate d'ammonium et de sulfate d'ammonium. Des produits à très forte valeur ajoutée, devenus essentiels dans le secteur économique pour répondre aux besoins nutritifs sans cesse croissants à l'échelle mondiale. Fertiberia, le passage incontournable Pour ces spécialistes, cette stratégie s'apparente beaucoup plus à des pratiques anticoncurrentielles et en totale inadéquation avec les règles du marché libre. «Il n'est pas normal que toute la production de Fertial en ammoniac soit vendue exclusivement à Fertiberia sachant que les deux filiales appartiennent au même groupe. Le marché est censé être ouvert à tout le monde», relèvent-ils. Interrogé à ce propos et au même titre que son DG, M. Bedja a tenu à mettre en exergue la faiblesse, voire la quasi-inexistence de l'Algérie sur le marché mondial tout en s'interrogeant : que représente 600 000 ou 700 000 tonnes par rapport aux 19 millions de tonnes exportées dans le monde ?» et d'avouer que «sans Fertiberia qui pèse 2 million de tonnes des exportations mondiales, on n'aurait jamais pu prétendre avoir une place dans la cour des grands ». 14 pays se disputent le marché international et ont la mainmise sur 88% des exportations mondiales. S'agissant de la politique des prix, également décriée par les mêmes spécialistes. Ils estiment que les prix appliqués par Fertial sont en deçà de ceux en vigueur sur le marché international, le conseiller de M. Requena Lavergne s'est montré formel à cet effet. Selon lui, la marge bénéficiaire à l'export se joue uniquement sur le transport. Les prix sont prédéterminés sur la place moscovite de Yuzhnyy (Russie), où le port du même nom constitue un point de chute «insolite» de l'ammoniac. Quelque 2,6 millions t/an d'ammoniac produite en Russie et en Ukraine sont mises sur le marché international à partir de ce port situé dans la Mer Noire. Etant le port le plus important du marché, c'est depuis la plate-forme de Yuzhnyy que se dessine la courbe des prix de l'ammoniac à l'échelle internationale argumente M Bedja. «A défaut de pressions externes sur le marché, le prix de l'ammoniac est donc celui affiché à Yuzhnyy plus les frais de transport, s'il est vendu dans un autre pays», explique-t-il. Toutefois, cette règle n'est applicable que si le prix de vente est le plus faible sur le marché mondial. Partant, en matière d'ammoniac ou d'engrais, le marché mondial dépend des volumes exportés depuis la Russie. En ce qui concerne les mouvements à l'import, le port Tampa (Etats-Unis) occupe la première marche du podium. Fort de ses quelque 5 000 km de pipelines, il desserve 11 Etats américains en ammoniac.