La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé, hier, l'Iran à respecter le droit de manifester pacifiquement et a critiqué les restrictions imposées à certains membres de l'opposition réformatrice. Mme Ashton suit de près les événements en Iran, «en particulier les restrictions apparentes à la liberté de mouvement de certains membres de l'opposition et les manifestations qui ont lieu dans les rues», souligne un communiqué de sa porte-parole. «Elle appelle les autorités iraniennes à respecter pleinement et à protéger les droits de leurs citoyens, y compris la liberté d'expression et le droit de se rassembler pacifiquement». Mme Ashton appelle également «les autorités iraniennes à s'abstenir de l'usage de la force contre des manifestants pacifiques». De son côté, la France «condamne avec fermeté les violences commises à l'égard des manifestants» lundi en Iran et «demande la libération des personnes arrêtées», a déclaré le même jour le ministère des Affaires étrangères. L'Iran a rejeté, hier, les déclarations de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton qui a salué le «courage» des manifestants antigouvernementaux à Téhéran. «Les commentaires faits ces derniers jours par des officiels américains émanent de leur confusion en raison des changements dans la région», a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Ramin Mehmanparast. «Ces changements ont infligé un coup aux intérêts des puissances dominatrices qui appuient le régime sioniste. En faisant ce genre de commentaires, ils feignent d'ignorer cela», a-t-il ajouté. L'Iran et son ennemi juré les Etats-Unis sont engagés dans une guerre de mots depuis le début de la contestation populaire en janvier en Egypte qui a poussé vers la sortie le président Hosni Moubarak, un allié des Américains et d'Israël. Téhéran estime que la chute de son régime constitue une «défaite» pour les Etats-Unis et Israël alors que Washington espère que les protestations au Caire s'étendent à Téhéran. Lundi dernier, Mme Clinton a rendu hommage aux protestataires en Iran. «Nous souhaitons la même chance à l'opposition et aux personnes courageuses qui sont descendues dans la rue à travers l'Iran que celles qu'ont su saisir leurs homologues égyptiens la semaine dernière», a-t-elle dit lors d'une visite au Congrès. «Nous pensons qu'il faut» que «le système politique iranien s'ouvre afin que soient entendues les voix de l'opposition et de la société civile», a-t-elle observé disant «soutenir les revendications de ceux qui sont dans les rues en Iran aujourd'hui». Pour Ramin Mehmanparast, les peuples dans la région veulent se libérer de l'influence américaine. «Les changements réclamés par les peuples dans la région sont l'arrêt de l'ingérence des grandes puissances dans leurs affaires et de la dépendance vis-à-vis de l'Amérique et du régime sioniste et leurs alliés». Deux partisans du régime iranien ont été tués lors des manifestations de l'opposition lundi à Téhéran, selon un nouveau bilan rapporté, hier, par le député Kazem Jalali, membre de la commission de la sécurité et de la politique étrangère au Parlement, cité par l'agence Isna. Le même responsable a précisé que ce bilan avait été fourni à la commission par le ministre de l'Intérieur Mostafa Mohammad Najjar. Le premier bilan, donné par le chef de la police, Ahmad Reza Radan, faisait état d'un mort et de neuf blessés.