L'Algérie a récupéré l'eau grâce au pétrole. En 10 ans, le pays est passé de la pénurie à une alimentation quotidienne dans de nombreuses grandes villes. Il le doit à sa grande richesse pétrolière, une richesse qui lui a permis d'acquérir des usines de dessalement d'eau de mer sur de nombreux points du littoral algérien. Actuellement, quatre usines sont fonctionnelles, sept sont en construction et deux en cours de lancement. Depuis 2001, le marché des usines de dessalement a explosé. Les investisseurs étrangers se sont bousculés et continuent d'y voir un filon à ne pas lâcher. Mais cet engouement ne s'est-il pas fait au détriment de l'environnement ? Que rejettent ces usines ? Sont-elles judicieusement placées sur le littoral ? On sait les usines particulièrement énergétivores. L'Algérie est-elle gagnante dans ce bras de fer qui la place face à des investisseurs étrangers ? Mais d'abord, comment ça marche une usine de dessalement d'eau de mer ? Comment ça marche ? Une usine de dessalement d'eau de mer a pour fonctionnalité de prélever de l'eau de mer et de la dessaler de façon à la rendre propre à la consommation. Différentes techniques existent dont celle consistant à distiller l'eau. Durant de nombreuses années, les usines fonctionnaient de cette façon pour des raisons d'économie d'argent, comme celle d'Arzew. L'autre technique : l'osmose inverse était jusqu'à une période récente assez coûteuse. En effet, elle mettait en place une membrane devant filtrer le sel et autres impuretés. La membrane est très fragile, et pour la protéger, l'eau provenant de la mer passe d'abord par un prétraitement. Cette même eau est déversée ensuite dans la membrane, l'osmoseur. L'eau finit par subir un post traitement (eau de javel pour la stériliser). Une membrane a une durée de vie de 5 à 10 ans. Mais cette technique suppose que l'eau soit relativement propre dès le départ et donc prélevée relativement loin dans la mer. L'usine d'El Hamma encadrée par la pollution Le site choisi pour l'usine d'El Hamma a souvent été dénoncé. En effet, cette usine de dessalement d'eau de mer est située entre le port d'Alger et l'embouchure de oued El Harrach. Le taux de mercure présent dans les eaux de l'oued dépasse de 30 fois les normes acceptées mondialement. Le professeur Mitsuo Yoshida, conseiller supérieur à l'Agence de coopération internationale japonaise, avait déclaré en avril 2005 : «Les prochaines analyses vont démontrer les éventuels risques sur la baie d'Alger». C'est à cette époque qu'une équipe algéro-japonaise avait été dépêchée pour analyser oued El Harrach. Elle avait relevé que la mauvaise qualité de l'eau de l'oued dépassait de 400 fois les normes établies par l'Organisation mondiale de la santé. Dans le port d'Alger, 76 potiches de mercure sont abandonnées en pleine mer. C'est en 1977 que la catastrophe s'est produite suite à la rupture du câble rentrant les palettes. Ces éléments laissent croire que effectivement, l'usine de dessalement d'El Hamma n'est pas des plus saines. Interrogés, M. Terra du ministère des Ressources en eau et M. Khadri de l'Algerian Energy Company réfutent le fait que l'usine d'El Hamma soit mal placée. Commission mixte L'emplacement des usines de dessalement d'eau de mer est décidé en commission où se réunissent les représentants du ministère de l'Energie et des Mines, les représentants du ministère des Ressources en eau, les représentants du ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'environnement et les autorités locales. «Il suffit que le ministère de l'Environnement s'oppose au choix d'un emplacement pour que nous l'abandonnions», précise M. Khadri, PDG de l'Algerian Energy Company, détenteur à hauteur de 30% de l'usine d'El Hamma. Les membres de la commission sont tenus par l'étude d'impact établie par le ministère de l'Environnement, explique le PDG de l'AEC. Il rappelle aussi que les choix des sites sont déterminés par la proximité pour l'alimentation et la qualité d'eau de mer. A noter que l'usine est à proximité des réservoirs qui distribuent l'eau à Alger et aussi de l'usine électrique d'El Hamma, principal fournisseur d'électricité à l'unité de dessalement.