Samedi, 14h, place de la République à Paris. Malgré une pluie glaciale, il y a foule pour le rassemblement auquel a appelé la CNCD coordination France (RCD, PLD et des associations et collectifs) en soutien à l'appel pour le changement de système politique et la démocratie auquel a appelé la CNCD en Algérie. Paris. De notre correspondante Sous un immense portrait du président Bouteflika barré d'un «dégage» en lettres rouges, Hocine, militant du RCD, commence par donner des nouvelles de la marche d'Alger. La voix étranglée, il annonce que «le pouvoir a fait mieux que la semaine dernière. Il a mobilisé 40 000 policiers pour empêcher l'accès d'Alger, il a offert 5000 DA à des jeunes sans repères pour casser la marche de la dignité, Me Ali Yahia Abdennour, le président d'honneur de la LADDH, a été de nouveau violenté, le secrétaire général du Snapap est hospitalisé suite à des coups qu'il a reçus, ainsi que Tahar Besbès, député RCD». «Décidément, ce pouvoir ne veut rien entendre ni comprendre. Comme l'a dit tout à l'heure Me Ali Yahia Abdennour dans une conférence de presse, on veut le changement de tout le système et non à l'intérieur du système»… «Notre détermination n'a d'égal que leur entêtement à rester au pouvoir». Ces derniers mots sont happés par un «Djazaïr horra democratia» collectif. Salma Boukir, ancienne membre du conseil national du Satef, évoquant le défunt Tahar Djaout, rappelle que «le silence c'est la mort, un peuple qui se tait c'est un peuple qui se meurt. Non, on ne se taira pas». Et «l'Algérie n'est pas une propriété privée, la capitale fermée aux non-résidents n'appartient ni à Bouteflika ni à son système». Et elle reprend les exigences de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie en Algérie. L'appel de la CNCD est ensuite lu en arabe, en tamazight et en français. L'appel de la CNCD mettant fin au rassemble ment, Youcef Merrouche, militant du RCD, avant de saluer la présence d'Egyptiens, de Tunisiens et de Marocains, évoque la violente répression des manifestants en Libye qui doivent être soutenus. Y. Merrouche signale enfin le soutien de partis progressistes français et de la CGT qui a publié un communiqué dans lequel la centrale syndicale française exprime sa solidarité avec la lutte pacifique du peuple algérien pour la démocratie et l'Etat de droit. Un peu en retrait, un vieux monsieur de 84 ans, appuyé sur une canne. M. Issad, un ancien de la Fédération de France du FLN, observant ceux qui ont l'âge de ses petits-enfants, hoche la tête avec tristesse : «Le groupe de Oujda a confisqué le pouvoir avec l'appui de l'armée des frontières, empêchant le GPRA de constituer un gouvernement civil. Ils nous ont confisqué notre indépendance». M. Issad nous affirme qu'il a combattu «pour une Algérie démocratique et laïque». Cinquante ans après l'indépendance, c'est toujours d'actualité. Et se voulant clair, il ajoute : «Je ne suis pas contre la religion, je suis musulman, mais l'Islam doit rester propre.»