Vendredi 18h30, fontaine des Innocents, non loin du centre Beaubourg. Il fait très froid. Tout autour de l'édifice représentant la fontaine des Innocents, des banderoles en français, en arabe et en tamazight ainsi que celle du «Collectif d'Algérien(ne)s de soutien à la lutte en Algérie pour le changement et la démocratie», organisateur de la manifestation, une autre banderole appelant à l'union pour la démocratie en Tunisie, en Egypte et en Algérie et, enfin, de part en part de la fontaine, celle réclamant «Vérité et justice pour les victimes». Le rassemblement s'anime. Le ton est donné par Nasroullah Yous du collectif des familles de disparus : «Nous ne sommes pas l'émanation de la Coordination d'Alger, nous ne sommes pas un tremplin pour les partis. Non à la récupération. Notre collectif est un collectif indépendant de citoyens, nous sommes là pour soutenir toute les luttes en Algérie». «Pour les libertés individuelles et collectives, pour un Etat de droit. Nous demandons un changement radical. Halte à la corruption» Autour, des voix s'élèvent : «A bas la répression, liberté d'expression». Nedjma Benaziza intervient, dit-elle, «au nom des familles de disparus, ces mères de disparus qui manifestent chaque mercredi à Alger pour la vérité». Et en chœur d'enchaîner : «Y'en a marre de ce pouvoir», «Djazaïr horra, Bouteflika barra». Puis Nasroullah Yous reprend le mégaphone : «Nous ne sommes pas la Coordination d'Alger. Nous sommes le peuple. Arrêtons les manipulations.» Dans son appel du 12 février, le collectif indiquait qu'il reprenait les mots d'ordre de la CNCD en Algérie et que ce premier rassemblement était organisé en soutien à la marche d'Alger, à l'appel de la Coordination nationale. Dans son second appel, relatif au rassemblement du 18 février, il rectifie et précise qu'il est «un regroupement indépendant et citoyen d'associations, d'Algériens et d'Algériennes en France, qui soutient les luttes du peuple algérien pour le changement du système et l'Etat de droit». Les interventions se suivent. Celle de Sanhadja Akrouf, membre du collectif et de l'association Pluri-Elles Algérie : «Ce pouvoir qui a été capable de faire baisser les prix du sucre et de l'huile, pourquoi ne l'a-t-il pas fait pendant des années ?» Elle est interrompue par «155 milliards de dollars, 155 milliards de dollars !» Et l'oratrice de reprendre : «Ça fait dix ans qu'on n'a pas fait de politique, on nous a divisés… Ce pouvoir s'est enrichi et méprise son peuple… Ce pouvoir opprime son peuple… Les usines sont en grève, les universités sont en grève, il faut qu'on soit solidaires avec la rue, il faut qu'on soit solidaires comme ils l'ont été en Tunisie, en Egypte.» Au final, Sanhadja annonce qu'un rassemblement aura lieu samedi à l'initiative de la CNCD France, renvoyant la politesse à la CNCD France dont les animateurs avaient annoncé le 12 février, à la fin de leur rassemblement, qu'un autre rassemblement allait suivre, celui du Collectif d'Algériens en France de soutien à la lutte en Algérie pour le changement et la démocratie.