L'opération de relogement des citoyens pose avec acuité le problème de transport. Seuls deux bus de transport de voyageurs desservent la cité 1680 Logements, dans la commune de Birtouta. Cette cité, inaugurée récemment, est habitée par près de 10 000 personnes, relogées dans le cadre des dernières opérations de relogement. Les habitants sont certes contents d'avoir quitté le cimetière d'El Alia, les bidonvilles de Fontaine Fraîche et les ruines de La Casbah, toutefois bien de manques sont à signaler. A commencer par le problème du transport des voyageurs, qui est au quotidien un véritable calvaire pour les résidants. «Aux heures de pointe, les deux bus existants sont pris d'assaut par les usagers et le reste de la journée, nous sommes obligés de les attendre durant plus d'une heure de temps, malgré les aléas de la nature», raconte un habitant. Faire ses emplettes devient également un vrai casse-tête, en l'absence de commerces à l'intérieur de la cité. Les locaux aménagés à cet effet restent, dans leur grande majorité, fermés. Une fermeture qui pénalise autant les résidants que les jeunes chômeurs perplexes devant cet état de faits. «Je ne comprends pas pourquoi ils refusent de mettre les locaux à notre disposition et nous permettre de gagner notre vie, d'autant que dans cette commune, il est difficile de trouver du travail», s'étonne un jeune chômeur. «Ici, il n'y a pas beaucoup de monde, on ne peut pas se débrouiller dans le business, le marché de Bab El Oued me manque… », ironise un autre. Par ailleurs, les habitants revendiquent l'installation d'un centre de santé digne de ce nom. Le seul dispensaire situé dans les environs est mal équipé, apprend-on. «Hormis les injections et quelques soins, cet établissement de santé ne dispose de rien. Même les cas urgents ne sont pas pris en charge», se plaignent plusieurs habitants. «A notre arrivée dans la cité, un jeune citoyen a perdu la vie faute de soins nécessaires. Il avait été poignardé, le coup n'était pas mortel, mais en l'absence de prise en charge médicale, il a perdu beaucoup de sang lors de son transfert vers l'hôpital», se rappelle un habitant, originaire de Fontaine Fraîche. Plusieurs familles attendent également, depuis plusieurs mois, des réponses à leurs recours. «J'ai suivi toutes les procédures réglementaires, mais ma requête n'a abouti à rien», souligne un père de famille, qui a demandé de changer d'étage, car sa femme, handicapée et malade chronique, ne peut monter jusqu'au cinquième étage. Selon lui, à plusieurs reprises, les résidants se sont présentés à la circonscription administrative, «mais sans que le wali délégué ne daigne nous recevoir et écouter nos doléances», raconte un bénéficiaire. Il est à relever, par ailleurs, que les apparentements de la cité 1680 Logements sont, relativement, «mieux finis» que d'autres sites d'habitation réalisés dernièrement à Alger. Mais ce qui suscite la crainte des habitants est le manque d'infrastructures de base, une situation qui risque de s'empirer avec l'arrivée, dans les prochains mois, de nouvelles familles. «Je crains que les écoles soient saturées encore davantage, malgré les quelques établissements scolaires en chantier», a indiqué un père de famille.