Les neuf jours de l'inspecteur Salaheddine, quelle belle surprise nous fait Mohamed Dhorban d'outre-tombe ! Les neuf jours de l'inspecteur Salaheddine est l'une des œuvres romanesques du défunt chroniqueur du Soir d'Algérie, mort dans l'attentat qui avait ciblé, le 11 février 1996, la maison de la presse et la rue Hassiba Ben Bouali, à Alger. Le roman a été publié à titre posthume par Arak Editions 22 ans après son achèvement et 15 ans après la disparition tragique de son auteur. Le défunt Mohamed Dhorban avait écrit les dernières lettres de son roman le 14 juillet 1989. La révolte du 5 Octobre 1988 n'avait pas encore une année. «Mohamed Dhorban a vraisemblablement commencé son roman au lendemain des journées d'émeutes populaires d'octobre 1988», soutient Abdemadjid Kaouah, qui l'a préfacé. L'auteur, dit-il, «évoque ces journées héroïques et rares dans l'histoire d'un peuple de façon évanescente». «Oui, ce furent de belles journées qui, noyées dans le hurlement des torturés, changèrent le cours des jours et le peuple de la ville fit semblant d'avoir oublié le massacre et ici les marchands de vent ne tarissent pas d'éloges, criaient victoire et s'excusaient de ce petit bain de sang hélas malheureux mais nécessaire…», écrivait Mohamed Dhorban. Quelle idée se faisait-il du contexte d'alors, c'est-à-dire d'Octobre 1988 ? «Avec les fusils de l'indépendance, on a maté la rébellion.» Une phrase a suffi pour résumer tout le mal d'un pays. C'était aussi cela, le génie de Mohamed, brillant journaliste d'Algérie Actualité où il vécut une grande aventure journalistique en tant que caricaturiste, chroniqueur télé puis reporter. Durant les années de terrorisme, le défunt a continué à exercer son métier au quotidien Le Soir d'Algérie, cette fois-ci, avec ses chroniques au vitriol. Mohamed était l'une des figures de proue de la presse indépendante. Le terrorisme l'a ravi aux siens à la fleur de l'âge en février 1996. Selon Arak Editions, qui publie son roman à titre posthume, Mohamed a laissé une somme de travaux artistiques et littéraires inédits dont le public a pu avoir un aperçu au cours de l'exposition hommage qui lui a été consacrée en 2006 à l'Espace Noûn.