Il y a dix ans, soit le 11 février 1996, la Maison de la presse Tahar Djaout a été la cible d'un attentat perpétré par des terroristes. Une voiture piégée avait alors explosé faisant 26 morts parmi lesquels trois journalistes : Alloua Aït Mebarek, Djamel Derraza et Mohamed Dorbane. Ainsi, pour la troisième fois depuis la disparition de Mohamed Dorbhan, un hommage posthume lui a été consacré. Les énergies se sont concentrées pour faire de l'après-midi d'hier un moment chargé d'émotion et de souvenirs. Ils étaient presque tous là pour se remémorer le riche parcours de l'homme et surtout d'admirer le legs laissé par le défunt. « C'est très douloureux et difficile de se remémorer cette journée du 11 février 1996. La mort de Mohamed est une grande perte pour l'Algérie », confie d'une voix émue le frère du défunt. Pour le couple du gérant de la sympathique librairie et la galerie Noûn, cet hommage est la meilleure manière pour se souvenir de ce grand homme et de son humilité. « On aimait beaucoup ses caricatures et ses chroniques. On aimait également sa modestie et son humilité », confie-t-il. Ainsi les invités ont pu découvrir un artiste aux talents multiples. En effet, Mohamed Dorbhan avait plusieurs cordes à son arc. Un Violon d'Ingres ! Il exerçait en tant que caricaturiste, chroniqueur, reporter, maquettiste et secrétaire général de rédaction. Les cimaises de l'espace Noûn ont été ornées par des tableaux comportant des caricatures, des peintures et des chroniques. Si Mohamed Dorbhan était connu pour ses écrits et ses caricatures dans Algérie Actualité et Le Soir d'Algérie, il n'en demeure pas moins qu'il excellait dans la technique de la peinture et du collage. La trentaine de tableaux exposés laissent deviner en filigrane un goût prononcé pour les agencements et les formes géométriques. Ici et là, des triangles rehaussés de taches de peinture multicolores occupent l'espace. Attentif à tout ce qui se passait dans sa société et dans le monde, le défunt Mohamed Dorbhan a immortalisé avec une touche personnelle des séquences lourdes de sens, dont la condition féminine et la question palestinienne. Mohamed Dorbhan a fait une incursion dans le 4e art avec l'écriture d'une pièce où il pourfendait les maires de l'époque. L'assistance a découvert une autre facette de Mohamed, celle de son talent d'auteur. Le défunt a laissé un manuscrit inédit dont quelques extraits ont été lus. Le personnage principal est un inspecteur de police Salah Eddine qui mène une mission d'une grande importance. Le livre en question sera édité au courant de l'année en cours. Mohamed Dorbhan est parti vers l'au-delà en laissant derrière lui une somme de travaux artistiques et littéraires. La maison de la culture de Zéralda porte son nom. Il est à noter que cette exposition est ouverte au public pendant dix jours. Avis aux amateurs.