Porté au sommet d'une tour, le phare reste un instrument de haute fiabilité plus ou moins puissant destiné à guider les navires durant la nuit. Ce dispositif de sécurité, que les maîtres de phare aiment appeler « œil du navire », borde les côtes. Les 1200 km de côtes algériennes sont jalonnées de 26 phares dont 10 permettant de renforcer la sécurité de la navigation maritime. Pour l'histoire, le phare tire son origine du mot grec pharos, qui désigne le nom d'une île grecque située près d'Alexandrie. C'est au IIIe siècle av. J.-C., que Ptolémée Sôter commanda la construction du premier phare, celui d'Alexandrie dont les travaux nécessitèrent plusieurs années. Il aurait été construit pour protéger les marins de la côte d'Alexandrie bien sûr, mais aussi en tant qu'œuvre de propagande. Cette tour au sommet de laquelle brûlait un feu de bois, la nuit pour guider les navires, est l'une des sept merveilles du monde. « Le phare est l'œil du navire », nous dit Mohamed Brahimi, ancien maître de phare du cap Caxine, construit en 1868 et situé à l'ouest-nord-ouest du port d'Alger, à Baïnem. Il se rappelle du temps de la lampe d'Aladin qui servait de repère pour les navires avant l'électrification du phare en 1948. Nous rendons visite dans ce site de l'Office national de signalisation maritime (ONSM) qui relève du ministère des Travaux publics. « La salle de veille dispose d'une commande automatisée et d'une grande armoire, comprenant un radiophare, une batterie de feu, et un équilibrage et un alternatif. Celle-ci est troquée contre un dispositif qui épouse l'air du temps, de plus en plus technologique », nous explique Hamid Chaâllal, maître de phare qui engrange 18 années d'activité dans cette structure implantée sur un site de 4 ou de 5 ha. Une eclaircie marine Un site dégagé de tout obstacle pour permettre aux navigateurs de bien voir le phare. « Je ne peux m'en passer, nous confie-t-il, de ce lieu où le sifflement du vent et le bruissement né du ressac sont devenus mes compagnons de nuit. » En promontoire, se trouve le GPS et la tour qui trône à une hauteur de 37,4 m. Le séisme n'a pas ébranlé sa structure, sinon quelques fissures esquissent une partie de sa paroi. A l'entrée de la tour, une salle fait office d'un petit musée rassemblant des instruments désuets (barographe, optique, lampe Aladin, émetteur-récepteur...) faisant partie du premier dispositif de sécurité. Un éventail supplanté par des instruments plus performants et qui s'adaptent aux exigences du moment, rappelle-t-il à notre endroit. Nous empruntons les escaliers en colimaçon, avant d'atteindre la coupole qui donne sur une rambarde. Elle comprend le soubassement du phare fonctionnant au mercure et sur lequel pivote une lanterne munie d'une lampe de 1000 w et d'une optique à quatre panneaux projetant un faisceau lumineux d'une portée de 31 miles (environ 53 km). La lentille Fresnel qui porte le nom de l'ingénieur des ponts et chaussées est composée d'une multitude d'anneaux de verre concentriques, situés les uns sur les autres. Elle augmente la puissance et la portée autour d'une source lumineuse. Pleins feux Par exemple, une simple ampoule de 4 cm de hauteur (1000 w) peut être visible à plus de 20 km. « Dès qu'il y a un ennui, nous dit M. Challal, nous avisons la capitainerie d'Alger qui signale la panne du phare à tous les navires. » Et d'enchaîner : « Il nous arrive parfois que certains armateurs nous font porter la responsabilité de l'échouage de leurs navires et ce, en prétextant la défaillance de notre système de signalisation. » Pourquoi ? « Une manière, peut-être, de vouloir se débarrasser de leur rafiot pour pouvoir bénéficier de dédommagements de leur assureur », susurre-t-il. Bien que des navigateurs fassent des remarques quant à la signalisation du phare, celui-ci n'est jamais superflu. « Notre rôle, explique le directeur adjoint de l'ONMS, Slimane Haddad, constitue de renforcer la sécurité de la navigation et le maintien de la haute fiabilité de nos systèmes et de nos instruments qui viennent en appoint des instruments de navigation utilisés. » Et de conclure que « la mission qui nous incombe est d'assurer une bonne couverture de la côte tout en améliorant la signalisation, de Ghazaouet à El Kala, à travers un patrimoine constitué de 26 phares, de 160 feux de port, de 20 bouées de balisage, de trois stations de DGPS outre le recueil et le traitement de mesures hydrographiques. »