Découverte n Sur la côte Ouest algéroise trône, depuis 1868, un colosse de pierre qui veille sur la ville après le coucher du soleil en la couvrant de son cercle lumineux imperturbablement régulier. Le phare de cap Caxine, dans la commune de Hammamet est un joyau dont peu de gens soupçonnent l?importance tant sur le plan architectural et historique que pratique ou touristique. Les voitures et bus défilent dans un tintamarre à côté de la porte d?entrée, belle de par sa conception et que très peu ont eu la chance ou la présence d?esprit de franchir. En la passant, on est pris par le décor sublime d?une allée pavée d?une centaine de mètres, bordée d?arbres centenaires. Au bout se dresse le géant de 36 mètres de haut, peint en blanc et doté d?un ?il tellement puissant qu?il peut voir venir les navires à plus de 30 miles (60 km). Bientôt 140 ans et pas une seule ride sur le visage de ce cyclope, qui est prêt à raconter son histoire à qui veut l?entendre. Bien que tout soit d?époque, il n?en demeure pas moins que le matériel fonctionne avec une précision à faire pâlir de jalousie toutes les montres suisses. Outre la propreté qui fait défaut à d?autres propriétés historiques à travers le territoire national, l?architecture et la décoration intérieure sont restées inchangées. Dans le hall intérieur ? contenant d?anciens articles qui servaient au quotidien : des lampes à pétrole et réservoirs, de l?argenterie retrouvée dans le phare d?Arzew, des pièces de rechange et un registre dans lequel les visiteurs peuvent inscrire leurs remarques avant de repartir avec le sentiment d?avoir remonté le temps comme on monte ces escaliers en colimaçon qui mènent au dernier étage, où se trouve une coupole métallique, vitrée pour permettre la diffusion des rayons lumineux et la protection des dispositifs électriques et mécaniques du phare ? un petit musée a été improvisé. Si la hauteur du phare est de 37,40 m depuis le sol, elle est, en revanche, de 64,40 m par rapport au niveau de la mer. A son sommet sont fixés les dispositifs d?écoulement, un paratonnerre et une girouette. Dès la tombée de la nuit, un faisceau lumineux généré par une lampe de 1 000 watts s?échappe du sommet de la tour pour faire une rotation toutes les 20 secondes. Un rythme plus que centenaire qui dure jusqu'à nos jours, auquel les habitants de Hammamet se sont habitués et, avec eux, ceux de Raïs Hamidou et de Aïn Benian. Quand le ciel est dégagé, on aperçoit la lumière du phare depuis le mont Chenoua, dans la wilaya de Tipaza. Son message à tous ceux qui le voient : «140 années d?histoire veillent sur vous.» Commercialement vôtre n Dans la ville de Hammamet, le phare est bien présent si l?on se fie aux enseignes des commerces : café Le Phare, restaurant Le Phare, cité El-Manar sont autant d?hommages rendus parfois inconsciemment à cet édifice. Dans un café jouxtant le phare en question, si vous demandez un café noir, vous remarquerez que sur les petits sachets de sucre figure un dessin : l?illustration d?un phare.