Les Césars, pendants français des célèbres Oscars d'Hollywood, seront décernés vendredi prochain à Paris. Parmi les surprises, le film Le Nom des gens pourrait ravir quelques accessits. I Il offre un regard décalé, offensif, tendre et violent sur l'actualité française de ces dernières années, avec en filigrane un éclairage nouveau à la fois sur la guerre d'Algérie suggérée et l'immigration algérienne en France. France De notre correspondant Le pari était osé. Il suffisait pourtant de prendre le rejet de l'étranger, la phobie du musulman, la montée des extrêmes politiques, y ajouter une bonne dose d'humour, remuer le tout et en faire un film décapant. Michel Leclerc l'a fait sur un scénario de sa femme, la Franco-Algérienne Bahia Kasmi. C'est très réussi. Au départ, avant même que le montage du film n'aboutisse, ce scénario original avait déjà obtenu le prix Sopadin, remis par un jury professionnel. Cela a aidé à trouver les fonds pour tourner cette histoire simple, qui fait éclater les préjugés et de rire le spectateur. Les deux principaux comédiens du film, Jacques Gamblin et Sara Forestier, sont nominés pour le meilleur comédien et meilleure comédienne. Le parti pris de base est de remettre à plat les questions politiques, en les tournant en dérision. Bahia Benmahmoud, fille d'un Algérien immigré et d'une Française militante de gauche, décide de séduire tous les gens de droite pour les pousser à changer de bord politique. Jeune femme pétillante, elle fait don de son corps à la société. Son physique attrayant devient un tract. La rencontre avec un type de gauche, joué magnifiquement par Jacques Gamblin, petit-fils de juifs qui a tourné le dos à son origine, sera l'occasion de démonter pièce par pièce l'étrange concours des mémoires qui se joue en France. Algériens colonisés, juifs exterminés, musulmans conquérants, racisme qui sommeille, tout y passe avec toujours cet humour qui fait de ce film une description assez fidèle des errements vécus en France ces dernières années. Lionel Jospin, le candidat socialiste défait en 2002 par le candidat d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen, y fait une apparition furtive, mais réjouissante. Le film est ainsi un pied de nez aux débats foireux voulus par le parti majoritaire sur l'identité nationale ou, plus récemment, sur la place de l'Islam en France. L'autre film, dont on parlera vendredi aux Césars, est Des Hommes et des Dieux, dont les récentes statistiques du Centre du cinéma français laissent apparaître qu'il fait partie des trois films très rentables en 2010. S'il parle d'un événement tragique survenu en Algérie à Tibhirine, on pourra reprocher, hélas, que l'Algérie n'y soit pas vraiment présente, et que le film ait été tourné au Maroc.