Les syndicalistes ont décidé de suspendre leur mouvement après une réunion, dimanche soir, avec le patron de la Centrale. La journée de protestation programmée, hier, par la Coordination syndicale UGTA à l'échelle de la capitale, a été finalement gelée. La décision a été prise, avant-hier soir, après la réunion tenue entre 18h et 21h entre le premier responsable de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, et les syndicalistes notamment des douanes, sur demande du patron de la Centrale syndicale. Dans un communiqué rendu public, hier, la section syndicale des douanes d'Alger-port a informé les travailleurs de l'annulation de l'action de contestation, suite à l'engagement pris par Sidi-Saïd pour la levée de suspension d'Ahmed Badaoui, SG du syndicat national des douanes, également membre de la Commission exécutive nationale (CEN) de l'UGTA. Les douaniers ont, en outre, été invités à participer à une AG, dans l'après-midi au niveau du réfectoire d'Alger-port. “Des parties à l'intérieur de l'UGTA, des membres du secrétariat national sont derrière la décision de suspension de Badaoui”, a déclaré Mohamed Touil, responsable au syndicat lors de la rencontre. Ce n'est pas la première fois que des syndicalistes des douanes pointent le doigt du côté de certains membres de la direction nationale de l'UGTA. Hier encore, Touil mais aussi Badaoui ont désigné nommément Salah Djenouhat et Boualem Bouzidi, tous deux secrétaires nationaux, ainsi qu'un “ministre de la République” d'avoir encouragé Sidi-Ali Lebib, DG des douanes, à sanctionner le SG du syndicat national. Djenouhat et Bouzidi se seraient même présentés samedi dernier au siège de la DG des douanes et auraient rencontré Lebib, quelques heures avant que la décision du licenciement ne tombe. Selon Mohamed Touil, la suspension de Badaoui devait être suivie, par la suite, par son éjection de l'organisation syndicale. Au cours de l'AG, Kamel Ramdani, se présentant comme “membre” de la section syndicale des douanes d'Alger-port, s'est démarqué par rapport aux décisions prises par cette structure. “Je dénonce la dictature de Badaoui”, a-t-il soutenu, alors que le SG du syndicat national n'était pas encore présent dans la salle. Ramdani a précisé davantage son idée en s'en prenant de façon virulente à la nouvelle Coordination syndicale de l'UGTA et d'une “certaine presse”. Une dispute s'en est suivie, contraignant les organisateurs à lever la séance. Mais, quelques minutes après, les travaux ont repris après l'arrivée de Badaoui et des membres du conseil syndical national. Pour Badaoui, l'incident est en relation directe “avec ce qui se passe dans l'institution douanière et dans le mouvement syndical”. C'est donc normal, d'après lui, que l'administration des douanes, “dans sa stratégie globale” ait “des éléments qui viennent provoquer”. “Nous sommes pour la critique, car nous nous battons pour la démocratie et la liberté au sein de l'UGTA, mais cette critique doit se faire sur la base d'un bilan”, a indiqué Badaoui, en précisant que ledit Ramdani “a été exclu de son poste de président des œuvres sociales, du secrétariat national et conseil national (du syndicat des douanes, ndlr), pour raison de dépassement”. Le responsable syndical s'est dit prêt à aller vers une conférence nationale “pour évaluer le travail du syndicat national”, en rappelant néanmoins qu'il a été élu il y a moins d'une année et que les syndicalistes lui ont renouvelé leur confiance le 15 novembre dernier, lors du conseil syndical qui s'est tenu à Zéralda. D'après Badaoui, l'enjeu est ailleurs : “On veut la dissolution du syndicat des douanes, comme cadre pour défendre les intérêts des travailleurs”. Il est à souligner que des messages de soutien ont été envoyés aux syndicalistes des douanes : la CGT de Marseille, le CLA, la Fédération de la métallurgie UGTA, le syndicat de la SNVI de Rouiba, ainsi que des syndicats d'autres entreprises économiques nationales ont assuré Badaoui et ses compagnons de leur solidarité. Hafida Ameyar