Des centaines de médecins, des jeunes avec leurs aînés, généralistes et spécialistes, professeurs et maîtres-assistants, infirmiers, médecins résidents ont marché hier, dans l'enceinte du Centre hospitalier universitaire Mustapha Pacha. Pour cette première action, ils étaient très nombreux à dénoncer leur situation socioprofessionnelle déplorable. La santé est malade et les blouses blanches sont en perpétuelle souffrance. Plus de 5000 blouses blanches, représentant des corporations médicale, paramédicale de santé publique et hospitalo-universitaire, ont répondu à l'appel au sit-in lancé par cinq organisations syndicales autonomes de la santé. Il s'agit du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), ceux des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), des professeurs et docents en sciences médicales (SNDPSM), des maîtres-assistants en sciences médicales (SNMASM) et du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) auxquels s'est joint l'institution nationale représentant l'Ordre des médecins. De vive voix, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière «Ould Abbès out», «Ould Abbès dégage», «Ya Djamel, ya Abbès assaha mahiche labas» (M. Ould Abbès la santé se porte mal). Ces professionnels de la santé ont fortement protesté contre leur exclusion dans l'élaboration de la nouvelle loi sanitaire. Ils revendiquent un statut digne de leur fonction ; ils ont ras-le bol du bricolage. «Nous avons eu plusieurs ministres et aucun n'a pu guérir le secteur de la santé de ses maux. Ould Abbès est le pire d'entre eux car il veut juste plaire aux décideurs. Trouvez-vous normal qu'un secteur aussi névralgique que celui de la santé se trouve livré à lui-même. En dix ans, nous avons eu sept ministres ! C'est grave», s'est exclamé un médecin. La foule a également affiché ouvertement son soutien et sa solidarité avec les paramédicaux en grève illimitée depuis le 8 février dernier. Cette action commune est motivée par les tergiversations, les mensonges et les promesses non tenues du ministre de la Santé. Les praticiens de la santé exigent l'ouverture d'un débat autour du nouveau texte juridique censé régir le secteur de la santé. Cela fait plus d'une année qu'une action de cette envergure n'a pas été menée par les organisations du secteur. Avant de se disperser, les porte-parole des syndicats ont pris la parole. Ils ont tous qualifié ce rassemblement d'historique. «C'est le plus important regroupement depuis l'indépendance du pays. Nous devons rester ensemble et ne pas jouer la carte du pouvoir qui tente à chaque fois de nous diviser», a soutenu Merabet du SNPSP. Pour Yousfi, représentant les spécialistes, cette action est importante car elle regroupe tous les professionnels de la santé. Le porte-parole du SAP regrette qu'après 15 jours de grève, le gouvernement continue à ignorer leurs revendications.