Après avoir assisté à un sit-in, les grévistes ont décidé, à l'unanimité, de durcir le mouvement en allant à un débrayage ouvert afin d'aboutir à la satisfaction de leurs revendications. Àl'unanimité, les praticiens de la santé publique menacent de reprendre le chemin de la contestation dès la première semaine de janvier. Le type d'action sera arrêté d'un commun accord entre tous les syndicats de la santé publique. Pour les hospitalo-universitaires, la décision est déjà prise : aller vers la grève illimitée de l'enseignement et de la correction des examens. Concernant celle des soins médicaux, elle se décidera avec la coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique. “Il semblerait que le gouvernement persiste à ignorer notre mouvement, malgré la réussite de notre grève, c'est pour cela qu'il faut aller vers un débrayage ouvert”, a proposé le Pr Touchane de l'hôpital Bachir-Mentouri de Kouba. Par ailleurs, la menace du boycott des urgences est écartée. “La grève des urgences provoquera une situation ingérable ; c'est parce que nous sommes des professionnels de la santé que nous respectons le serment d'Hippocrate et que nous écartons cette proposition”, a-t-il déclaré. Les syndicalistes sont revenus sur la démarche “scandaleuse” de la tutelle qui a instruit les directeurs des hôpitaux de défalquer les journées de grève du salaire. “Cette démarche exprime simplement l'affolement du gouvernement et démontre le mépris qu'il a envers l'élite du pays”, s'est indigné le Dr Djidjik, représentant du syndicat des maîtres-assistants des sciences médicales. Il a contesté les chiffres du taux d'adhésion au mouvement de contestation annoncés par le ministère de la Santé. “Les représentants du ministère devraient revoir leurs calculs car 4,6% n'est que le taux d'absentéisme ordinaire enregistré dans le secteur”, a-t-il ironisé. De son côté, le Pr Zidouni, président du Syndicat national des professeurs docents des sciences médicales, estime qu'à défaut d'un dialogue, la situation est arrivée à un stade de “surdité bilatérale”. Signalons que ce mouvement de contestation a contaminé toute la corporation médicale, notamment les résidents qui représentent plus de 50%. On apprend, également, selon leur représentant, qu'un dossier de création d'un syndicat autonome des résidents des sciences médicales a été déposé au niveau du ministère du Travail et du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. “Nous soutenons le mouvement des praticiens de la santé publique car leurs revendications concernent tout l'effectif médical. La proposition de prendre part à la prochaine contestation n'est pas à écarter. Cela sera débattu en assemblée”, a déclaré le Dr Ghouar Tahar, résident en orthopédie à l'hôpital Mustapha-Pacha et représentant du collectif. Selon lui, ce collectif est composé de près de 1 000 adhérents. Raz-de-marée au sit-in de Mustapha-Pacha Dès 11 heures, en ce mercredi dernier jour de grève, les blouses blanches sont rassemblées en masse à l'entrée de l'hôpital. La foule est compacte. Les banderoles sont parlantes. “Grève dans le secteur de la santé publique… La santé est malade … Nous refusons de sacrifier la santé publique…”, sont autant de mots d'ordre que les grévistes ont voulu mettre en exergue. Professeurs en médecine, docents, maîtres-assistants, praticiens, psychologues, biologistes, pharmaciens étaient tous rassemblés dans l'enceinte hospitalière. Des résidents, des urgentistes et des représentants d'un seul parti politique, le RCD, sont venus soutenir le combat des praticiens de la santé publique. Les grévistes menacent de revenir dans quelques jours plus forts et plus déterminés à radicaliser leur mouvement. “Notre protestation ira crescendo pour faire aboutir nos doléances”, ont-ils réitéré. Tout semblait bien se dérouler jusqu'à ce que Saïd Sadi se place au premier rang auprès des contestataires. Tout en soutenant le mouvement des praticiens, il répondait aux questions des journalistes. À une de ces questions, qui portait sur l'élection présidentielle, il s'est vu interpeller par les représentants des syndicats qui lui ont clairement demandé de ne pas aborder des sujets autres que leur protestation qui est de nature socioprofessionnelle. Le premier responsable du RCD a réagi en accusant le Pr Djidjli qui l'avait interpellé, secrétaire général du syndicat des professeurs et docents des sciences médicales de son état d'“être un commis de l'Etat”. Le professeur Zidouni, une fois le calme revenu, remettra les pendules à l'heure. “Nous remercions le soutien des représentants politiques, mais nous refusons l'usurpation des rôles. Notre mouvement et purement socioprofessionnel et il le restera. Il y a plusieurs manières de soutenir notre mouvement, notamment en interpellant le Premier ministre, lors des questions orales au niveau de l'APN”, a-t-il indiqué. Nabila Afroun