Les autorités n'envisagent pas d'agréer de nouveaux partis. «Cela ne veut pas dire qu'ils ne le seront pas lorsque le moment apparaîtra opportun. Aucun agrément n'a été délivré pour l'instant», a déclaré hier Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio d'Etat. Dernièrement, des informations de presse avaient fait état de l'agrément prochain du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) de Mohamed Saïd, de l'Union pour la démocratie et la république (UDR) de Amara Benyounes et du Front démocratique (FD) de l'ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali. Les dossiers d'agrément de ces partis sont en instance au ministère de l'Intérieur depuis presque dix ans. Leur blocage n'est basé sur aucun texte de loi. Evasif, Daho Ould Kablia n'a pu expliquer les raisons du refus de la télévision et de la radio d'ouvrir leurs antennes à l'opposition, aux syndicats autonomes et à la société civile. « J'ai vu à la télévision Me Mustapha Bouchachi (président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme, ndlr) et le président d'un parti islamiste. C'est un peu timide. Les choses commencent à se faire graduellement», s'est-il réjoui ! Le successeur de Yazid Zerhouni a tenté de trouver des arguments «légaux» à l'interdiction des marches dans le pays et a eu recours à une incroyable gymnastique. «Les marches ne sont pas interdites, elles sont soumises à autorisation. Les marches doivent offrir le maximum de garanties quant aux risques pour être autorisées. Le moment ne paraît pas être venu pour autoriser les marches à Alger. Alger est actuellement ciblée par les dirigeants des groupes terroristes, cela leur permettra d'avoir un impact médiatique», a-t-il dit sans autre précision sur ces «dirigeants» qui cibleraient la capitale algérienne. Selon lui, les marches avortées du 12 et 19 février de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) n'étaient pas encadrées. «Les personnes qui ont participé à ces marches appartiennent à des milieux différents et sont d'origines différentes. Il n'y avait apparemment pas d'unité tactique ou stratégique au niveau de ces marches», a-t-il noté avant d'ajouter : «Il y avait également la crainte que la tranquillité des riverains de ces lieux publics soit perturbée surtout en week-end par une marche venue d'ailleurs ou organisée à partir d'ailleurs.» D'après ses dires, les commerçants de la place du 1er Mai à Alger se seraient plaints de ces marches. «Cela nous oblige à mettre en œuvre des moyens de protection en créant des barrières entre les habitants de Belcourt et d'El Madania et les initiateurs de la marche. Si nous n'avions pas mis des barrages entre eux, il y aurait eu des incidents graves», a-t-il raconté. «Soi-disant violence» Il a indiqué que la mobilisation des forces de police dégarnit d'autres points sensibles de la ville d'Alger. Est-il prudent d'évoquer pareilles situations publiquement ? «Tous les efforts que nous avons faits jusqu'à présent pour contenir les menaces terroristes seraient probablement voués à l'échec», a-t-il expliqué, l'intrigue dans la voix. A propos de la marche annoncée pour demain, à partir de la place des Martyrs à Alger, Daho Ould Kablia a déclaré qu'aucune demande n'a été déposée auprès des services de la wilaya d'Alger. «D'après ce que nous savons, les initiateurs de cette marche, qui sont de courants divergents et de tendances différentes, sont en train de briser l'unanimité de façade qu'ils avaient présentée jusque-là», a-t-il estimé. Mercredi, Daho Ould Kablia a, dans une déclaration accordée à la chaîne France 24, accusé les initiateurs des marches à Alger de chercher la «confrontation» avec les forces antiémeutes. «Ils veulent montrer à l'opinion nationale et étrangère qu'ils ont en face d'eux un régime répressif, un régime policier», a-t-il lâché. A la radio, le ministre a estimé que l'organisation des réunions et des manifestations publiques est régie par un arsenal juridique citant les codes pénal et de procédure pénale ainsi que le décret déterminant les missions et attributions du ministère de l'Intérieur en matière d'ordre public. Revenant sur les brutalités policières contre les étudiants, qui observaient cette semaine un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur à Alger, Daho Ould Kablia est allé à contre-sens de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). «Avant de parler de sanctions sévères, il faut établir la véracité des faits et des soi-disant violences», a-t-il déclaré. Mercredi, le commissaire Djilali Boudalia, directeur de la communication à la DGSN, a annoncé, cité par l'APS, que des sanctions «sévères» seront prises contre les policiers qui ont tabassé deux étudiants. «Ces étudiants sont restés pendant plusieurs jours. Ils étaient en face de policiers qui n'étaient pas là pour les réprimer, mais pour protéger un bâtiment public. Ces étudiants ne se sont pas contentés de slogans ou de meetings pacifiques, mais ils ont menacé de détériorer les grilles du ministère pour y accéder», a dit le ministre de l'Intérieur pour justifier l'agression contre les étudiants.