Entre son attitude ultradogmatique et ses offensives de charme pour essayer de conquérir une part encore plus grande du public, notre télé balance sans jamais perdre le nord. C'est ce qu'on pourrait appeler un écran à multiples facettes dans lequel on a peine à croire que le service d'information, incroyablement immuable, et le département ayant en charge les programmes de divertissement, plus entreprenant, appartiennent à la même boîte. Le paradoxe de l'Unique reste singulièrement un vrai dilemme qui déroute souvent les téléspectateurs. Côté pile, elle affiche ostensiblement, à travers les émissions pour jeunes et les magazines, une volonté de s'ouvrir encore davantage sur les réalités télévisuelles d'aujourd'hui pour être de son temps. Côté face, elle nous ramène en arrière en restant farouchement accrochée (fidèle ?) aux vieux réflexes qui la contiennent dans un giron où il ne sert à rien de cogiter. « Chassez le naturel, il revient au galop », dit le dicton... A moins d'être naïf, on sait certes que tout ce qui touche à la communication demeure un sujet sacré, un terrain réservé où chaque mot qui passe sur le prompteur est pesé dix fois avant d'être livré, mais il y a parfois des « blancs » qui exaspèrent, surtout quand derrière l'événement il y a un énorme besoin d'en savoir plus. En cultivant la politique de l'autruche, l'Unique ajoute en fait à la mystification du produit informatif. Cela s'est encore vérifié avec le traitement partial accordé au transfert du président de la République vers un hôpital parisien pour un contrôle médical plus approfondi. On ne sait pas si HHC a reçu des instructions en ce sens, mais toujours est-il que la télévision nationale, devant une actualité aussi cruciale, a cru utile de rester dans les limites de l'officiel en se référant strictement au communiqué de la présidence. Aucune initiative propre pour compléter l'information de base, aucune image, aucun commentaire maison allant dans la direction des autorités qui se veulent rassurantes sur l'état de santé du chef de l'Etat. En se réfugiant dans un tel mutisme, une prudence excessive, c'est hélas l'effet contraire qui est souvent obtenu. Dehors, les gens mal informés n'hésitent pas à céder aux spéculations, voire aux rumeurs les plus alarmistes. Si la télé se tait et ne veut (peut) pas aller plus loin, c'est qu'il y a une raison majeure. Laquelle ?... On vous laisse le soin de remplir les pointillés. Ceci pour dire qu'en matière de communication, l'Algérie accuse un retard considérable qui la maintient en bonne place parmi les pays tiers-mondistes où la liberté d'expression a encore beaucoup de chemin à faire. C'est dommage, car lorsqu'on accompagne l'actualité par un professionnalisme à toute épreuve, il n'y a aucun risque de dérive. La question est de savoir qui réellement a peur d'une information objective ? Ceux qui ont le pouvoir sur la censure ou ceux qui la subissent ? Enfin... A défaut d'être informés sur des sujets considérés comme « trop sérieux », on a du mal dans le flou général de se convaincre des nouvelles émissions de variétés plus ou moins élaborées, plus ou moins peaufinées qui méritent de bonnes notes. « Qaâda » qui ouvre les connaissances sur le patrimoine culturel sur un fond de convivialité et « Lilet Enoudjoum » pour la promotion des artistes sont de celles-là.