Commerces illicites, trottoirs squattés par des commerçants qui n'activent plus à la sauvette, ordures ménagères qui s'amoncellent, poussière envahissante et espaces verts détruits l'un après l'autre. Images quotidiennes renvoyées par la ville de Tizi Ouzou, apparemment abandonnée par certaines autorités, ce qui est aggravé par l'incivisme de nombreuses personnes. La rue Abane, artère principale de la ville de Tizi Ouzou, où une trémie est en cours de réalisation, cristallise à elle seule toute la clochardisation de la cité des Genêts. Le moindre recoin est transformé en « parking » gardé par de jeunes garçons menaçants vis-à-vis des plus récalcitrants des automobilistes, des débris de briques et de béton sont jetés sur les chaussées, et tous ces vendeurs de bric-à-brac étalés sur des cartons, réduisant ainsi la largeur des trottoirs, défoncés et poussiéreux. Tous profitent de cette insoutenable anarchie. Dans la fameuse « grande rue », on marche désormais à la queue leu-leu. La situation de non-droit a gagné quasiment tous les quartiers. Le long de la rue Kerrad Rachid, d'énormes dos d'âne en béton sont érigés en plusieurs endroits, la rue Lamali, quant à elle (du CHU Nédir Mohamed au stade du 1er Novembre) est transformée en bazar. Les forces de l'ordre public semblent laisser faire et n'interviennent que par intermittence pour déloger les revendeurs-fraudeurs. Les cris de détresse de l'association des commerçants sont restés sans échos. Farid, cafetier à la rue Abane Ramdane, affirme : « Les commerçants sont méprisés et les autorités ne nous connaissent que pour le versement régulier des impôts. » Mais le plus grave danger pour les nouvelles générations est incontestablement la destruction des espaces verts et leur transformation en surface bâtie. La cité, rongée par la pollution automobile notamment, se vide petit à petit de ses dernières aires naturelles. Mais l'espace vert détourné de sa vocation naturelle et qui alimente abondament la chronique quotidienne à Tizi Ouzou, c'est celui du quartier Les Genêts (en face de l'hôpital). Une récente évocation du sujet dans les colonnes d'El Watan avait fait réagir un groupe de jeunes du quartier, précisant qu'un projet de construction sur le lieu était prévu depuis une décennie. Toutefois, la rue colporte avec insistance l'information que l'espace en question était affecté à certains délégués des archs du quartier. Certaines voix évoquent les plans machiavéliques du pouvoir qui viseraient à « salir l'image des délégués » en leur « attribuant » le terrain. Difficile de faire la part des choses, dès lors qu'une déclaration de la CADC qui clarifierait davantage la situation est attendue, mais tarde à venir. Dans toute cette situation globale confuse, la position des autorités municipales est autant troublante que celle de l'Assemblée populaire de wilaya. Cette dernière avait inscrit à l'ordre du jour d'une session extraordinaire le problème de « l'occupation des espaces verts de la ville de Tizi Ouzou », le 7 juillet dernier avant de le reporter sans explication. La situation à l'APC de la ville est encore plus complexe. L'assemblée est carrément bloquée. Elle ne fonctionne plus depuis que la majorité des élus a déclaré leur retrait de confiance au président de l'APC. Le rôle de la plus grande assemblée de la wilaya est alors limité à la signature des documents, car elle ne délibère plus. Le premier magistrat de la ville ne gère plus (en congé de maladie, dit-on), les problèmes s'accumulent et le pire dans tout cela, la population semble s'y accommoder. Tout simplement par fatalité.