La situation environnementale est lamentable. Tizi Ouzou croule sous les ordures. A l'heure où le monde se met au vert et à l'énergie renouvelable, en Algérie, certaines villes n'arrivent pas à se débarrasser de leurs ordures ménagères. Une de ces villes est Tizi Ouzou. La capitale du Djurdjura est loin d'être une cité où la pollution est maîtrisée, l'air est sain et les espaces urbains propres. Il est loin le temps où, avec des moyens rudimentaires, la ville des Genêts, rayonnante, était appelée la petite Suisse. Aujourd'hui, le constat est accablant. La situation environnementale est lamentable. En matière d'hygiène, elle est l'une, si ce n'est la dernière ville d'Algérie. Tizi Ouzou croule sous les poubelles. Elle dépasse largement la moyenne nationale en rejet de déchets ménagers. 1,55kg par habitant alors que la moyenne nationale n'est que de 0,77kg/h. La commission hygiène et environnement actuellement en exercice, se trouve face à une mission presque impossible. En témoignent d'ailleurs, les rapports des techniciens de la voirie qui sont sortis sur le terrain le 4 mars 2008. Les constats de ces spécialistes sont sans appel: l'état d'hygiène déplorable dans lequel vivent les habitants. Tous les ingrédients pour l'émergence des grandes épidémies sont présents dans tous les recoins de la ville. Les rapports des techniciens qui se sont rendus donc dans la haute ville signalent la présence d'eaux usées à ciel ouvert et des dépôts d'ordures ménagères éparpillés dans tous les quartiers, des animaux errants comme des chats et des chiens. L'état d'abandon ne s'arrête pas là...La prolifération des moustiques hiver comme été est la source de toutes les maladies à transmission hydrique qui vont crescendo ces dernières années. Dans le centre-ville avec ces grands boulevards, la situation n'est guère reluisante. Au niveau du boulevard Abane Ramdane, les trottoirs ne servent plus à la circulation piétonne. Les déchets ménagers s'entassent dans tous les angles, constituant de grands talus bloquant tous les passages. Les fréquentes fuites d'eau au niveau des conduites AEP et le bouchage des canalisations diverses lors des pluies engendrent de façon quasi constante, un état d'exaspération chez les habitants et les usagers. Même les trottoirs sont squattés par des vendeurs à la sauvette. De son côté, le grand jardin du 1er-Novembre traversé par le boulevard en question, est détourné de sa vocation. Il est devenu un marché pour les dealers et toutes les ventes illicites. A la sortie ouest, les rues du 20-Août et 5-Juillet annoncent, elles aussi, aux visiteurs, la couleur. Les causes de cet état désastreux C'est, en effet, au niveau de la gare routière que commencent les odeurs répugnantes. Devant tous les commerces, s'accumulent les rejets et les détritus divers. Aux entrées principales de tous les bâtiments, les décharges bloquent les portes et s'entassent même dans les escaliers et les paliers. L'Expression: Pouvez-vous nous brosser un tableau de la ville de Tizi Ouzou aujourd'hui? Chernaï Djamel: Actuellement, la ville est un grand chantier où plusieurs projets sont en cours de réalisation. Nous verrons bientôt son nouveau visage. Mais le constat actuel se caractérise par l'absence d'harmonisation structurelle et environnementale. Nous avons des carences en matière d'hygiène, de problèmes des routes et d'urbanisme. Plusieurs espaces verts sont transformés en béton avec absence d'équipements publics engendrant des problèmes de circulation routière. La ville manque aussi de structures de sport, de culture et de loisir. Quelle sera votre stratégie et vos moyens pour rendre à la ville son visage d'antan? Notre stratégie n'est pas uniquement de lui rendre son visage d'antan mais d'améliorer notre cité en lui offrant les commodités de notre siècle. Celle-ci se présente en différentes étapes. Il y une stratégie structurelle pour offrir aux équipes des moyens humains, matériels et financiers ainsi qu'une stratégie tactique qui consiste en modes opératoires et les méthodes d'élaboration des projets. Nous déboucherons sur une mise en oeuvre des traitements et la recherche de solutions, Le problème ne se pose, cependant, pas en termes de moyens mais en termes d'organisation et d'utilisation rationnelle des ressources financières et humaines. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain? Je ne sais pas si on peut les appeler ainsi car pour nous le souci est de faire participer l'ensemble des acteurs du développement. L'amélioration du cadre de vie des citoyens dépend aussi de leur capacité à y participer. Nous souhaitons que l'école et les associations prennent part à notre nouvelle vision de la politique de la ville. La coopération avec d'autres villes ne peut qu'être bénéfique. Actuellement, nous sommes jumelés avec La Roche-sur-Yon. Nous avons participé à des séminaires. Nous avons présenté notre travail et il a rencontré un grand succès en espérant sa réussite à Tizi Ouzou.