Décidément, le jeu du chat et de la souris continue entre les forces de l'ordre et les petits revendeurs qui bouffent les espaces publics au détriment, bien entendu, du marché formel ou réglementaire. Bien que les pouvoirs publics aient beau ressasser, depuis des années, l'épineuse question du négoce de la rue, en usant par-ci par-là d'opérations coup-de-poing, notamment dans certaines cités dites populeuses, l'anarchie gagne de l'espace. Quand bien même certains endroits ont été libérés manu militari par les agents à l'uniforme bleu, il y a quelques mois, il est ceux (petits revendeurs) qui font dans la résistance, bravant même l'autorité publique. Les squatters de rues reprennent leurs activités de plus belle dans certaines cités, notamment celles à forte densité. Ils étalent leurs ballots là où bon leur semble. Ils rétrécissent rues, suffoquent ruelles et obstruent voies de passage, profitant de l'impermanence du premier magistrat de la commune. Ce dernier s'autorise de son inertie. Il se défend qu'il n'a pas les coudées franches, promettant dans le sillage aux riverains et commerçants qui viennent tempêter contre les «acteurs du commerce anarchique» que le problème récurrent du marché dit, par fausse pudibonderie, informel, sera pris en charge dans les meilleurs délais... Mais on semble à chaque fois céder. A la faveur de certains fracas de rues qu'a connus la capitale en janvier dernier, des éventaires en enfilade réinvestissent le long de certaines voies piétonnes comme les arcades de la rue Ahmed Bouzrina ou le lieu dit Zoudj Ayoun, sans compter le sempiternel casse-tête des autorités locales : les abords du marché Trois-Horloges. Ces réceptacles attitrés des «engorgeurs» de rues, et tant convoités par la ménagère qui afflue de toutes parts, nous édifient sur l'indolence de la puissance publique. Celle-là même qui se trouve devant une alternative très embarrassante : laisser choir la série de décisions d'éradication du marché illicite qui meuble l'espace physique urbain ou opter pour la formule, celle de planter à longueur de journée des factions de l'ordre public pour dissuader les récalcitrants qu'on ne réussit pas à délocaliser dans des lieux réglementaires.