On a beau répéter à satiété, sur tous les modes, sur tous les tons et chanter toujours la même antienne que le marché, dit informel et supposé être résorbé et non éradiqué comme signalé par les pouvoirs publics, reste ce casse-tête usant. On a l'impression que plus on en parle, plus il se répand dans nos espaces publics. Des mesures certes, ont été prises dernièrement pour libérer des pans de lieux publics du marché dit par fausse pudibonderie informel. Des opérations coups-de-poing ont touché effectivement les quartiers populeux comme Bachedjerrah et La Basse Casbah (rue Ahmed-Bouzrina et le lieudit Zoudj Ayoun), mais de petits nababs, nourris à la mamelle des conteneurs ramenés par les barons de l'import-import, continuent impunément à braver l'autorité publique, étalant leurs ballots non sans incommoder les commerçants qui exercent légalement leur activité et, subséquemment, pénaliser le Trésor. L'on s'interroge dès lors sur la politique des deux poids, deux mesures : faire déguerpir les petits revendeurs qui font florès dans un lieu public et fermer l'œil sur d'autres squatters qui, à un jet de pierre, font leurs choux gras. Décidément, il faut avoir des œillères pour ne pas remarquer la fébrilité – pour ne pas dire l'anarchie régnante – qui s'empare de la rue Amar -Ali (ex-rue Randon) — QG des produits pyrotechniques —, les «cambistes» de l'ex-square Bresson ou les abords du marché les Trois-Horloges sis à Bab El Oued, pour ne citer que ces lieux publics foisonnant d'activités illicites. On semble s'y retrouver dans ce genre de consensus qui ne dit pas son nom, surtout lorsque la voie publique se «fragmente» par empan pour se monnayer à coup de millions de centimes. L'on ne joue même pas au chat et à la souris, tant les petits revendeurs attitrés ne semblent pas le moins du monde inquiétés par les Tuniques bleues. Ils restent chevillés à leur place, défiant et la puissance publique et les riverains qui peinent à rejoindre le hall de leurs immeubles. Car à défaut de les déloger manu militari, on se montre indulgent à leur égard, les priant tout juste à céder le passage… Une situation qui ne nous invite pas moins à reprendre la citation de Denis Diderot : «Un long usage donne force de loi.» Une autre interrogation titille l'esprit : l'opération éradication ou résorption de l'informel risque-t-elle de s'essouffler devant le réflexe rétif des petits nababs qui, une fois chassés par la porte retournent par la fenêtre ? Wait and see.