Les serres de la communauté internationale tiennent à la gorge le dictateur de Tripoli, qui demeure insensible à ses appels quant à l'arrêt de la guerre d'extermination menée contre le peuple libyen. En effet, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi dernier à l'unanimité une résolution imposant des sanctions sévères contre le colonel Mouammar El Gueddafi, sa famille et des proches du régime. Parmi ces mesures adoptées par les quinze Etats membres figurent notamment un embargo sur la vente d'armes et de matériels connexes à la Libye et une interdiction de voyager sur le sol des Etats membres concernant El Gueddafi, ses sept fils, sa fille et des responsables liés au régime. Aussi, par cette résolution, les membres du Conseil de sécurité considèrent que «les attaques systématiques» contre la population civile en Libye actuellement en cours «peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité». En conséquence, il a été décidé de transférer au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) «la situation en Libye depuis le 15 février» et recommandé aux autorités libyennes de «coopérer pleinement» avec le tribunal. Les membres du Conseil demandent en outre la fin immédiate de la guerre génocidaire menée contre les manifestants et de prendre en considération les aspirations légitimes du peuple libyen. Il est exigé des autorités libyennes d'agir «avec la plus grande retenue», pour «assurer la sécurité de tous les étrangers», «assurer le passage sûr des fournitures humanitaires et médicales» et «lever immédiatement toutes les restrictions sur toutes les formes de médias». Les Etats membres ont enfin décidé d'imposer un gel des avoirs financiers concernant le colonel El Gueddafi, quatre de ses fils et un proche du régime. Le vote a eu lieu en présence du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. L'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant, observe que la résolution constitue «un signal puissant de la détermination de la communauté internationale de se tenir aux côtés du peuple de Libye». L'ambassadrice américaine, Susan Rice, constate que la communauté internationale a «une seule voix». Elle voit en cette résolution «un clair avertissement aux autorités libyennes sur le fait qu'elles doivent arrêter les violences». De son côté, l'ambassadeur de France, Gérard Araud, relève que «l'impunité n'est plus une option». Pour le secrétaire général de l'ONU, une telle option «envoie un message fort sur le fait que les crimes ne seront pas tolérés». Cela dit, le projet de saisir la CPI pour crimes contre l'humanité ne faisait pas l'unanimité. Selon des diplomates, la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil et le Portugal ont soulevé des objections. L'ambassadeur de Libye à l'ONU, Abdurrahman Shalgam, a fait parvenir une lettre, samedi, au Conseil de sécurité dans laquelle il exprime son soutien à l'idée de recours à la CPI. Après le vote, l'ambassadeur en question a déclaré que le régime libyen n'a «plus aucune légitimité». A son avis, cette résolution «sera un signal pour mettre fin à ce régime fasciste qui existe encore à Tripoli». Ainsi, El Gueddafi, cet ami de l'Occident qui l'a réhabilité en 2003 suite à la levée des sanctions économiques imposées par l'ONU, se retrouve, de par cette résolution, isolé sur le plan international. Il ne suffit pas aux dictateurs, à commencer par ceux qui disposent de pétrole et de gaz, d'accorder des contrats se chiffrant en milliards de dollars aux puissants de ce monde à l'effet d'exploiter ces richesses pour acheter leur silence. Le silence s'achète pour un temps, au prix des vies humaines qui font partie des causes perdues. Cependant, ce que ne veulent pas comprendre les tyrans, c'est le fait que les grands, quand ils pactisent avec le diable, sont sûrs de gagner. Et El Gueddafi s'est toujours comporté comme chef de tribu à l'égard de ses partenaires occidentaux, croyant qu'il suffisait de les soudoyer pour garder la main basse sur la Libye et se maintenir éternellement, avec sa famille, au pouvoir par de crimes. La résolution du Conseil de sécurité de l'ONU n'est qu'une étape pour jeter le colonel et sa pseudo révolution dans la poubelle de l'histoire, ou plutôt des «histoires» avec des guillemets, beaucoup de guillemets rouges.