Le Fatah, premier et principal mouvement nationaliste palestinien, vient de rater un très important rendez-vous. Fondé par le défunt président Arafat, qui dirigeait aussi l'organisation de libération de la Palestine (OLP), organisation mère regroupant tous les mouvements palestiniens, mis à part les islamistes, tels que le Hamas et le Djihad islamique, ce mouvement, marqué par de graves dissensions internes, vient d'échouer lamentablement au cours d'un important test, qu'étaient les primaires, devant désigner ses futurs candidats aux prochaines législatives prévues le 25 janvier prochain. Mahmoud Abbas, président de l'autorité palestinienne et président actuel de l'olp a pris la décision de la suspension générale du processus de désignation des candidats de son mouvement au pouvoir dans les territoires palestiniens. Ces primaires, qui constituaient une exigence des militants de la jeune génération du Fatah, se plaignant d'être marginalisé par la vieille garde du mouvement, constituée essentiellement d'anciens compagnons du défunt Yasser Arafat, avaient débuté vendredi dans plusieurs villes de Cisjordanie occupée, où Merouane Barghouti, chef du Fatah en cisjordanie, mais aussi représentant cette nouvelle génération du mouvement est sorti grand vainqueur. Malgré sa détention en Israël et sa condamnation à plusieurs perpétuités, la victoire de Merouane et de son camp laissait envisager qu'un profond changement s'opérait au sein du Fatah. « La jeune garde », fait pression depuis longtemps pour renforcer son influence, particulièrement depuis la mort, l'an dernier, de Yasser Arafat. Mahmoud Abbas a accepté d'organiser des élections internes pour constituer une liste de candidats en vue des élections législatives du 25 janvier prochain. Sous la pression de la jeune garde, il a empêché que des anciens du Fatah se voient attribuer des circonscriptions presque gagnées d'avance. La veille de la décision de Mahmoud Abbas de suspendre ce processus électoral interne, le Fatah avait annulé les élections qui se sont déroulées lundi dans la bande de Ghaza en raison de leur perturbation par des éléments armés de la base du mouvement qui se plaignaient de l'absence, sur les listes électorales, de milliers de militants. Ces éléments armés ont fait irruption dans plusieurs centres de vote qu'ils ont saccagées mettant à nu tout le mal qui ronge ce mouvement. Abbas, qui participait ces derniers jours à Barcelone au sommet euro-méditerranéen, a évoqué à son retour les résultats en Cisjordanie, où ces primaires ont pu se dérouler vendredi dans la plupart des villes, en dépit, là encore, d'irrégularités. « Les élections ont pu se dérouler dans certaines régions, et nous traiterons ces résultats d'une manière positive. Pour les zones où le scrutin n'a pas eu lieu, nous trouverons une solution adéquate », a-t-il dit. Malgré les problèmes que vit actuellement son mouvement, le président Abbas a promis que les législatives auront lieu à la date prévue. Le mouvement radical Hamas, principal rival du Fatah aux prochaines législatives, qui observe en silence le déroulement des événements, pourrait être le grand vainqueur de ce chaos. Pour ne pas finir éclaté, le Fatah, qui a été pendant longtemps porteur des ambitions de tout un peuple, se doit de se ressaisir en éloignant de ses rangs tous les corrompus qui ont terni sa réputation et qui ne s'intéressent qu'à leurs propres intérêts, seul moyen de reprendre sa véritable place dans les cœurs des Palestiniens. La bonne prestation des candidats réformistes du Fatah en Cisjordanie, si elle est confirmée, devrait aider Abbas à répondre au défi du Hamas, mais leur émergence pourrait tout aussi bien aggraver les divisions internes du parti au pouvoir. « Nous avons besoin d'une révolution interne positive qui garantisse la dignité de nos dirigeants anciens tout en donnant une chance à dix générations du Fatah qui n'ont aucun rôle dans la prise de décision bien qu'elles aient sacrifié leur sang », a estimé M'hamad Dahlane, ministre des Affaires civiles, représentant la jeune garde et homme fort de Ghaza.