Tout en tirant à boulets rouges sur l'ancien régime, Essebsi a appelé les Tunisiens à lui faire confiance. Le nouveau Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi, a annoncé, hier, que la priorité de son gouvernement sera de rétablir la sécurité pour relancer l'économie, actuellement «au bord du gouffre». Lors de sa première intervention devant la presse au palais présidentiel de Carthage, M. Caïd Essebsi a accusé le président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, en fuite en Arabie Saoudite, de «haute trahison», un crime passible de la peine de mort. «Notre priorité sera de rétablir l'autorité de l'Etat, tombée à un niveau insupportable, ce qui passe par le rétablissement de la sécurité pour tous les citoyens, les régions et les institutions», a-t-il déclaré. Le nouveau gouvernement, dont il annoncera la composition «dans deux jours», doit «relancer le cycle économique sans aucun retard, car nous sommes au bord du gouffre», a-t-il poursuivi. «Que tout le monde sache que le rétablissement de la sécurité ne sera pas une affaire facile», la situation héritée de l'ancien régime étant «tellement pourrie et désordonnée», a-t-il ajouté, indiquant «comprendre» les réactions violentes des jeunes après «20 ans de pressions et de privations». Retour à la normale Il a implicitement appelé à la fin des sit-in et à l'arrêt des grèves, avertissant qu'«en l'absence d'un retour à la normale, le pays ira à la catastrophe». Durant les deux dernières décennies du règne de Ben Ali, «c'est une bande de corrompus qui avait sucé le sang du peuple, avalé son argent et ses acquis», a-t-il dénoncé. «Je n'ai aucun doute que l'ancien président s'est rendu coupable de haute trahison pour avoir renoncé à assumer sa responsabilité d'assurer la sécurité et la stabilité» et pour «avoir quitté» le pays alors qu'il est «le commandant en chef des forces armées», a déclaré M. Caïd Essebsi. La haute trahison est passible de la peine de mort, a-t-il lui-même insisté. La feuille de route, annoncée la veille par le président par intérim, Foued Mebazaa, et prévoyant l'élection le 24 juillet d'une Assemblée nationale constituante (CNA), «est un premier pas sur la voie de la démocratie», a assuré M. Caïd Essebsi. Il a demandé aux Tunisiens d'accorder «le préjugé favorable» à son futur gouvernement qui, a-t-il dit, va s'atteler à faire en sorte que «le peuple reprenne confiance en l'Etat et les jeunes dans l'avenir».