En dépit du ferme démenti du gouvernement algérien aux accusations du Conseil national libyen (CNL), selon lequel l'Algérie apporterait son soutien politique et militaire à El Gueddafi, l'opposition libyenne n'en démord pas. Lors d'une conférence de presse, tenue mercredi à Benghazi, le porte-parole du Conseil national libyen, Hafiz Ghoga, est de nouveau revenu à la charge, accusant des pays africains : Mali, Niger, Kenya ainsi que l'Algérie d'envoyer des mercenaires combattre aux côtés des forces restées loyales à El Gueddafi. La mise au point faite sur cette question par le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, exprimant l'inquiétude de l'Algérie face aux événements qui secouent la Libye et le souhait de voir la crise libyenne se régler par le dialogue, tout en rejetant fermement l'option de l'intervention militaire étrangère, ne semble pas avoir rassuré l'opposition libyenne sur la neutralité de l'Algérie dans ce conflit. Un ancien diplomate libyen en poste à l'ONU, membre du CNL et collaborateur de l'ancien ministre de la Justice désigné mercredi à la tête du Conseil libyen, Moustafa Abdeldjeïl, a tenté de nuancer ces accusations, affirmant qu'«il n'existe à ce stade aucune preuve de ce qu'un gouvernement quelconque soit impliqué». Une source diplomatique, citée sous le couvert de l'anonymat par El Khabar Week-end de ce vendredi et présentée comme un proche collaborateur de Mourad Medelci, précise, pour sa part, que les passeports algériens montrés par des chaînes de télévision satellitaires arabes et présentés comme ayant été récupérés auprès de mercenaires algériens appartiennent à des travailleurs algériens établis en Libye. La même source dénonce les vélléités de «certaines parties d'impliquer l'Algérie». Sans autre précision. Les Algériens vivant en Libye, que ce soit ceux qui ont choisi de rester, ou ceux qui ont fui le pays et regagné l'Algérie, ont vécu et vivent toujours dans la hantise de représailles de la part des Libyens à cause de ces accusations qui ont fait le tour de la Libye. Il ne fait pas bon d'être algérien aujourd'hui en Libye ! De nombreux Algériens ont été agressés et délestés de leurs biens. La crainte de voir la situation déraper en chasse à l'Algérien hante les esprits de beaucoup de nos ressortissants qui ont quitté précipitamment le pays, laissant derrière eux biens, souvenirs et amis. Nul doute que cette histoire de mercenaires algériens aurait pu s'évaporer, comme un mirage, dans le désert libyen si la position algérienne face à la révolution libyenne n'était pas entachée d'ambiguïté. Dans le jeu d'équilibrisme auquel s'essaient sans convaincre, ni les uns ni les autres, l'Algérie en évitant prudemment de désigner un coupable, il est difficile de savoir si notre pays soutient El Gueddafi et les institutions en place ou la révolution. Même les crimes et les bombardements aériens des civils, unanimement condamnés par la communuaté internationale et qui ont fait réagir les juges de la CPI (Cour pénale internationale), ne sont pas clairement dénoncés par l'Algérie. La prudence excessive observée dans la gestion de ce dossier par le gouvernement algérien est comprise par l'opposition libyenne comme un soutien d'Alger à El Gueddafi. D'où les suspicions et les accusations de connivence avec le dictateur libyen.