Algériennes, Tunisiennes, Egyptiennes ont porté au cœur de Paris, haut et fort, drapeaux nationaux au vent, les luttes et les révolutions naissantes dans leurs pays pour des Etats de droit, pour des lois civiles égalitaires auxquelles elles sont partie prenante, pleinement et complètement. Paris. De notre correspondante
Parisiens et touristes, nombreux, ont entendu cet après-midi du 5 mars – depuis le parvis des droits de l'homme, place du Trocadéro jusqu'à la rue de Lisbonne (halte devant l'ambassade d'Algérie) en passant par la place Iéna (ambassade d'Iran) et place des Etats-Unis (ambassade d'Egypte) –, la détermination et la volonté de ces femmes affirmant à pleine voix, en arabe, en français, en tamazigh, par des chants, des poèmes, des slogans qui sont tout un combat, toute une espérance, leur volonté et leur détermination d'être des citoyennes libres dans des Etats laïcs. Sans oublier d'exprimer leur solidarité avec les Libyennes, les Palestiniennes, les Soudanaises et toutes les femmes en lutte. Avec elles des Iraniennes, des Afghanes et de très nombreuses autres femmes d'autres nationalités, des Françaises (il ne faut pas les oublier, elles étaient là, présentes par l'initiative, la coordination et la participation) pour dire que les droits à l'égalité, à la liberté et la dignité sont universels, ne connaissent pas de frontières, partout et maintenant, ici et là-bas, selon le mot d'ordre adopté par les associations et collectifs féministes, syndicats et partis politiques qui ont organisé et rallié cette marche. «Femmes révoltées, femmes assassinées, pour notre liberté, pour notre dignité». «Liberté, égalité, dignité, du cas par cas on n'en veut pas». «Précarisées, discriminées, expulsées, des papiers pour les sans-papiers». «Ni curé, ni rabbin, ni imam ne décideront pour nous, laïcité, égalité». «Contre tous les intégrismes, contre tous les fascismes, solidarité». Ces quelques slogans résument à eux seuls la condition faite aux femmes et leurs revendications, dans les pays musulmans ou en Occident. Quand elles clament «Jeunes dans la galère, femmes dans la misère, de cette société-là on n'en veut pas», c'est pour signifier qu'en France aussi les femmes sont victimes de discriminations ; elles représentent 83% des salariés à temps partiel et 78% des emplois non qualifiés et elles gagnent toujours en moyenne 27% de moins que les hommes. A signaler que si une délégation de femmes a été reçue pendant une heure la veille par l'ambassadeur d'Egypte, du côté des ambassades d'Iran et d'Algérie, silence radio et portes closes. Sous les fenêtres des bureaux de l'ambassade d'Algérie, les manifestantes ont rappelé que depuis 1984, année de son institution, le code de la famille maintient les Algériennes dans un statut de sous-citoyennes, mineures à vie. Et aussi qu'en Algérie les femmes ont été de toutes les luttes pour la libération nationale, contre le terrorisme, et aujourd'hui, elles se mobilisent pour un Etat de droit, pour un Etat laïc, pour des lois civiles égalitaires. «El hogra barakat», «Djazaïr horra démocratia». «Mazalna thuwar». Les associations Apel-Egalité, l'Association nationale pour la promotion de la laïcité en Algérie, Pluri-Elles Algérie et la CNCD coordination France ont fortement marqué cette marche pour l'égalité, la liberté et la dignité.