Plusieurs contraintes guettent l'apiculture, notamment les feux de forêt, les maladies dues à la transhumance et le manque de qualification de certains apiculteurs. En outre, l'apiculteur se plaint de la mévente et du fisc. La non-commercialisation du miel demeure le seul problème majeur qui ne cesse de tarauder les apiculteurs de la wilaya de Bouira. Malgré le développement qu'a connu leur filière ces dix dernières années, cela n'arrive toujours pas à changer la donne. La mévente, faut-il noter, persiste à mesure que la production de miel augmente. De ce fait, cet obstacle ne fait que décourager les apiculteurs qui continuent, malgré tout, de produire sans pour autant vendre en grande quantité. Et pour cause, il faut toutefois souligner qu'aucun marché de miel proprement dit n'existe, et ce, à travers tout le territoire national. Il y a lieu de relever également, dans ce cas, la politique adoptée par les pouvoirs publics consistant à relancer la production du miel sans que cela puisse accompagner cette idée par la création d'un circuit où le produit pourrait être s'écouler. «Il y a la mévente. Les apiculteurs produisent sans pouvoir écouler leur production sur le marché», a déclaré Tali Slimane, président de l'association des apiculteurs de la wilaya de Bouira. Il faut noter que l'association en question compte près de 320 adhérents, selon la situation qui a été arrêtée au mois de décembre 2010. Concernant le nombre de professionnels de la filière à travers la wilaya de Bouira, il existe actuellement plus de 800 apiculteurs. En outre, l'apiculture représente la seule et unique source de revenu pour la majorité des fellahs. Et pour pouvoir vendre le maximum ou le minimum, c'est selon, chaque apiculteur y va de son côté. Toutefois, l'absence d'un marché du miel mais aussi la désorganisation qui prévaut au sein de la filière apicole cèdent la place à toutes sortes de spéculations quant aux prix. Il convient aussi de souligner que la manière avec laquelle les prix du miel sont fixés ne répond aucunement aux normes en vigueur. «Pour permettre la commercialisation du miel, il faut multiplier l'organisation des foires spécialement du miel au niveau local et national. Il y a aussi un manque énorme en matière d'organisation», note M. Tali. Ainsi, comparativement aux autres aliments, le miel, tellement cher, intéresse moins ou pas du tout, le consommateur algérien dont le pouvoir d'achat ne cesse de s'éroder. En revanche, la production nationale du miel, à en croire les professionnels de ce créneau, peut largement couvrir le marché, et par conséquent les prix pourraient bien baisser de sorte à ce que les petites bourses en consomment. Pour étayer ses dires, Tali Slimane a souligné que «le consommateur algérien n'a pas la culture de consommer du miel, parce que les prix ne sont pas à la portée de tout le monde. C'est pour cela que l'on continue à considérer le miel comme un médicament. Mais, a-t-il ajouté, le miel est un aliment complet, il a beaucoup de vertus nutritives. C'est pour cette raison que sa consommation doit être régulière comme tous les autres aliments.» En termes de potentialités, la wilaya de Bouira dispose de toutes les conditions pour le développement de la filière apicole. Plusieurs régions de la wilaya constituent de hautes zones mellifères, ce qui explique les différentes variétés du miel récolté chaque saison notamment, Miel d'Eucalyptus, toutes fleurs, de jujubier, etc. Décidément, la création d'un marché local ou national pour commercialiser le miel reste le point important sur lequel plusieurs spécialistes de cette filière se mettent d'accord. Pour Boussebaïn Belaïd, président d'une coopérative apicole (Cassap), sise dans la commune de Aïn Laloui (ouest de Bouira), cette idée doit être concrétisée. La preuve : l'exposition-vente qui a été organisée, fin décembre 2010, à Bouira, a permis à plusieurs apiculteurs de faire connaître et même vendre leur miel. De plus, plusieurs contraintes guettent l'apiculture, notamment les feux de forêt, les maladies dues à la transhumance et le manque de qualification de certains apiculteurs. Or, la liste des obstacles s'allonge davantage. Le président de la coopérative apicole met l'accent sur un tout autre problème, qui est celui des créances. «On est confronté à un sérieux problème de paiement. Quand on livre les ruches, il faut attendre jusqu'à deux ans pour être payé. Si tout se passe bien, l'argent peut être versé dans un délai de six mois. L'élaboration de la facture passe par plusieurs services», dit-il. Notons que la coopérative en question est le principal fournisseur en matière de ruches et des essaims aux bénéficiaires qui se sont inscrits dans le cadre du Ppdri. «Le recouvrement des créances est très difficile. En plus, on ne peut pas présenter notre bilan fiscal de fin d'année parce qu'il y a des chiffres d'affaires qui ne sont pas encore mis en facture. Cette situation nous a crée un contentieux fiscal. Il y a des situations qui ne sont pas encore réglées depuis 2000. Et avoir des dettes nous empêche de soumissionner», nous a expliqué B. Belaïd. «Malheureusement, les services fiscaux et parafiscaux n'accompagnent pas ce programme», a-t-il ajouté.