Le psychiatre Boudarène Mahmoud, docteur en sciences médicales, s'est interrogé lors d'une communication faite lors de la célébration de la Journée mondiale du diabète à Tizi Ouzou, quant à la coexistence simultanée des pathologies mentale et physique chez le même patient. Existe-t-il une relation entre le diabète et les troubles psychiques ? Si oui, est-ce le fait du hasard ou d'une proximité naturelle ? A ce sujet, le psychiatre dit « avoir observé entre les deux pathologies des similitudes selon certains aspects : l'hérédité, le chronicité et la précocité (en ce qui concerne le diabète insulinodépendant) ». En outre, le praticien note que les deux affections surviennent à la faveur d'événements graves et se caractérisent par « un choix symptomatique (diabète ou troubles psychiques). Parfois, il se produit un balancement symptomatique ». Ainsi, face à un événement stressant, « le sujet réagit par une réponse émotionnelle avec un choix symptomatique manifestant un balancement ». Le médecin conclut par « l'existence d'un rapport dialectique entre le diabète et les troubles psychiques ». L'attitude d'une personne face à la maladie s'articule autour de quelques points, rappelle le psychiatre : « Le déni ou la négation de l'affection, la révolte (ou l'ébranlement) puis vient l'acceptation de la maladie, renoncement au suivi, voire à la vie, modification de la personnalité, dépression et anxiété ». Au sujet de l'impact des affects sur le diabète, le docteur Boudarène souligne « le rôle du stress dans le déclenchement et l'évolution du diabète, sans omettre le poids des prédispositions et de l'organisation de la personnalité ». Le médecin psychiatre précise que cela s'accompagne d'angoisse, d'anxiété, d'instabilité, de trouble du caractère et de l'humour, etc., avant d'avertir que le diabète est un instrument de manipulation entre les mains du malade et dont serait victime son entourage immédiat. Aussi, relève-t-il, « des conduites suicidaires chez certains patients découlant d'états dépressifs graves, distanciation et indifférence et absence de conscience ». Quel impact ont les psychotropes sur le diabétique ? A cette question, le docteur Boudarène répond que concernant les neuroleptiques sédatifs, ces derniers peuvent modifier, quelquefois, le métabolisme du sucre. Il reconnaît, néanmoins, qu'un lien étroit existe entre ces deux facteurs. Selon ce psychiatre, « il n'y a aucun risque à annoncer le diabète à un psychotique, celui-ci étant sans réaction aux stimuli externes ». Mais, concernant les sujets souffrant d'autres troubles psychiques, « l'annonce du diabète peut susciter de l'anxiété, ce qui suppose beaucoup de précautions ». Abordant son expérience pratique, il annonce que « des diabétiques font le lien entre la survenue de leur maladie et un événement important dans la vie sociale, affective ou professionnelle ». Aussi, existe-t-il des neuroleptiques et antidépresseurs qui favorisent la prise de poids chez le malade et cela risque de faire survenir le diabète ou sa complication, mais avec les progrès en pharmacologie, l'inverse est désormais possible, précise le psychiatre.