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Suicide à Tizi Ouzou
L'hécatombe juvénile
Publié dans El Watan le 15 - 09 - 2004

Quarante-cinq cas de suicide ont été enregistrés par les services de la Police judiciaire de la wilaya de Tizi Ouzou, durant les huit premiers mois de l'année en cours.
Parmi ces cas, 24 personnes se sont donné la mort par pendaison avec une prédominance masculine (20 hommes pour 4 femmes). La police judiciaire note, aussi, une relative concentration du phénomène dans les régions de Aïn El Hammam et Tigzirt, sans en donner une interprétation. Lors de la même période, 8 femmes âgées de 18 à 25 ans ont attenté à leur vie sans y parvenir. En apparence, le motif serait l'échec scolaire, nous explique-t-on. La même source fait part de 3 suicides à Draâ El Mizan et Tizi Gheniff pour le premier semestre de 2004. Ces trois cas sont des hommes âgés de plus de 30 ans et souffriraient, selon la PJ, de troubles psychiques ou ayant eu des antécédents psychiatriques. Nos interlocuteurs observent que le nombre de personnes ayant attenté à leur vie, durant cette période, est presque le double de celui de l'année dernière (2003). Les troubles psychiques, la consommation de drogues, l'échec scolaire et le mal-être social sont mis en avant comme facteurs favorisant le phénomène du suicide. Selon les bilans dressés par la PJ de Tizi Ouzou, ce phénomène fait de plus en plus de victimes chez les enfants âgés de 12 à 16 ans.
Relativiser un phénomène grave
Ce qui fournit matière à inquiétude et suggère des pistes de réflexion aux responsables en charge de la santé publique ainsi qu'aux spécialistes. La direction de la santé et de la population, pour sa part, fait état dans un rapport récent de 91 cas de suicide pour 1999 et 71 cas pour 2001. Quant à la direction de la Protection civile, ses services n'ont pu nous fournir le moindre chiffre sur leurs interventions dans des cas de suicide dans la wilaya. Médecin spécialiste en psychiatrie, le docteur Boudarène (titulaire d'un doctorat en sciences biomédicales de l'université de Liège - Belgique) a accepté de nous fournir son analyse du suicide. Pour ce spécialiste : « A considérer ces chiffres et ceux publiés par la direction de la santé et de la population dans un de ses derniers rapports sur le suicide chez nous, l'on conclut qu'on ne se suicide pas en Kabylie plus qu'ailleurs. D'autant plus que les autres wilayas n'ont pas fourni leurs propres chiffres pour établir une comparaison », précise-t-il. S'appuyant sur ces cinq dernières années, le Dr Boudarène affirme que la courbe des suicides à Tizi Ouzou tend à amorcer une phase descendante augurant une baisse du nombre de morts. « Les maladies mentales lourdes (telles la schizophrénie et la dépression nerveuse) surviennent surtout entre 14 et 30 ans, coïncidant avec la tranche d'âge de la population qui se suicide », observe notre spécialiste, ajoutant que « 70% de la population algérienne a moins de 30 ans, alors qu'en Europe c'est le troisième âge qui se suicide ». Ce qui signifie que ces affections psychiques représentent un facteur prépondérant dans le phénomène du suicide chez la personne jeune et souffrante. Pour ce médecin, si les personnes scolarisées semblent se donner la mort plus que chez les autres catégories, « cela n'est pas dû aux échecs dans les cursus et les examens », suggérant d'inverser l'équation : s'il y a échec scolaire, cela est favorisé par la présence de la pathologie (ses prémices), sans exclure le fait que l'échec aggrave la maladie dont souffre l'écolier (lycéen ou étudiant). Plus généralement, ces maladies mentales, cause des suicides dans 90% des cas, s'aggravent par la précarité sociale, affective, relationnelle, les problèmes de logement et de scolarisation et le manque de loisirs, de perspectives pour la personne, et la drogue. Si la femme ne se suicide pas autant que l'homme, c'est en raison du poids moral, de l'interdit et du tabou qui structure l'inconscient collectif dans notre société. Un état de fait qui pousserait, par un mécanisme psychologique très complexe, la personne en détresse à avoir un diabète, une dépression nerveuse au lieu de se donner la mort.
La faillite de la Collectivité
Sur un autre plan, notre psychiatre trouve que le traitement médiatique du phénomène donne l'illusion de son aggravation et amplification alors que les chiffres sont relativement stables. Pour ces dernières années, le taux moyen avoisine les 8,1 (pour 100 000 habitants, ndlr). Exhibant les chiffres internationaux, le psychiatre Boudarène avance que « nous sommes sur le même niveau que nos voisins espagnols (7,5) et italiens (7,6), mais mieux classés que la Finlande (30), le Danemark (24) et la Suisse (22) ». « Le suicide est un grave problème de santé publique qui pose aussi celui de la prise en charge de la santé mentale en Algérie. Un jeune qui se suicide signifie la faillite de la société et des institutions », nous dit le Dr Boudarène qui précise que les structures de santé n'existent pas ou sont en deçà des exigences. « Il faut tenter d'aider la personne ayant survécu à un suicide pour se réinstaller dans une perspective de guérison et de prévention en assurant, à elle et à sa famille, un accompagnement approprié et soutenu », car « le suicide peut être un réel désir de mourir ou un appel de détresse »,conclut-il.


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