80 à 100 nouveaux cas d'insuffisance rénale sont enregistrés annuellement pour chaque million d'habitants. Le nombre actuel devrait passer de 1400 à 20 000 cas durant les prochaines années. Le coût de la greffe d'un seul rein est de 1,5 million de dinars. Le traitement de l'insuffisance rénale basé aujourd'hui sur la politique du «Tout dialyse» est à revoir et l'élaboration d'une carte sanitaire en néphrologie est plus qu'une priorité. Telles sont les principales recommandations de la conférence nationale organisée par le service de néphrologie de l'hôpital Parnet à l'occasion de la Journée mondiale du rein. Avec la participation des patients hémodialysés, le débat a été axé sur les conditions de prise en charge des malades dans les différents centres, à savoir les centres publics et privés. Des insuffisances dans la prise en charge (moyens thérapeutiques ou moyens humains) ont été répertoriées. L'heure est aux changements de la politique de la prise en charge des insuffisants rénaux. Il n'est plus question que ce soit pour les praticiens ou pour les patients de continuer sur l'actuelle voie. Il y a lieu, selon le Pr Haddoum, néphrologue et chef de service à l'hôpital Parnet, d'encourager la greffe d'organes qui se heurte toujours, selon lui, à plusieurs obstacles. Et de rappeler que l'Etat a déployé des moyens colossaux pour la prise en charge de ces malades mais qui doivent être aujourd'hui orientés vers la prévention et la transplantation afin de rationaliser les dépenses de la CNAS. L'hémodialyse demeure une solution de dernier recours après l'inefficacité des autres types de traitement, ce qui constitue, selon le Pr Haddoum, un échec pour les spécialistes. Comme il qualifie de très pénibles les déplacements des insuffisants rénaux - deux fois par semaine - pour effectuer les séances d'hémodialyse. L'organisation de campagnes de sensibilisation des citoyens au don d'organes doit constituer une priorité dans la politique de santé. La prévention de l'insuffisance rénale, d'après le Pr Haddoum, passe par une bonne prise en charge des hypertendus et des diabétiques qui sont en nombre important et exposés au risque de l'insuffisance rénale. Le Dr Fouad Ouaret de Sétif a, quant à lui, insisté sur l'importance de la consultation interdite aux néphrologues dans les centres privés, qui est pourtant, selon lui, un moyen efficace dans la prévention. «Nous assistons actuellement à une régression profonde, en matière de prévention et de traitement précoce des maladies rénales chroniques. Le néphrologue étant quasiment exclu du circuit, la prise en charge du patient devient très aléatoire, se limitant souvent au simple constat», déplore-t-il. Par ailleurs, des intervenants des différents centres et CHU du pays ont insisté sur le respect des conditions d'hygiène dans le traitement de l'insuffisance rénale. Après avoir rappelé les étapes essentielles dans une séance d'hémodialyse, le Dr Manseur de Annaba a souligné l'importance de la prévention des infections et des complications notamment les hépatites par le respect des règles de l'asepsie. Pour lui, l'optimisation de la prise en charge répond à des critères bien définis dont la prise en charge de la cor morbidité, la mise à niveau des moyens matériels et la formation du personnel soignant.