La situation politique dans le sud de la Méditerranée et au Moyen-Orient a propulsé les prix du pétrole vers des niveaux que le marché n'a pas connus depuis 2008, l'année des records. Déjà la crainte que le passage par le canal de Suez soit perturbé au moment de la révolte en Egypte contre le régime des Moubarak avait fait grimper les cours du pétrole au niveau des 100 dollars le baril dès la fin du mois de janvier. Trois semaines après, le brent gagnait 10% à 110 dollars le baril. Et comme les incertitudes géopolitiques font installer la nervosité sur le marché, les spéculateurs se redéploient. La situation en Libye a encore poussé les prix vers le haut et le brent s'est même affiché à 118 dollars à Londres quinze jours après. Pourtant, le pétrole ne manque pas sur le marché et les réserves, notamment aux Etats-Unis, sont importantes. Selon des sources du marché, des pays producteurs de pétrole, comme l'Arabie Saoudite, le Koweït ou les Emirats arabes unis ont augmenté leur production pour remplacer le pétrole libyen après la chute de la production dans ce pays en proie à des violences qui inquiètent beaucoup le marché, vu qu'une grande bataille a eu lieu entre les partisans du régime en place et la rébellion pour le contrôle des sites pétroliers. Après avoir chuté de moitié au début du mois de mars, la production de pétrole libyen a encore reculé ces derniers jours, entraînant une perte de 1,4 million de barils par jour pour le marché. De plus, le marché s'inquiète de ce qui pourrait arriver dans les pays du Golfe, comme l'Arabie Saoudite, notamment après les appels à des manifestations enregistrés sur les sites sociaux. L'hypothèse que la contagion gagne d'autres pays producteurs est prise en compte sérieusement par le marché, une hypothèse relayée aussi par la spéculation. Le séisme au Japon et l'annonce par le président Obama de la possibilité d'utiliser les réserves stratégiques de pétrole où sont stockés plus de 70 millions de barils ont calmé les cours du pétrole qui ont reculé durant le week-end à environ 114 dollars. Le Japon, troisième consommateur de pétrole dans le monde avec 4,5 millions de barils par jour, pourrait voir ses importations de pétrole chuter à la suite de l'arrêt des raffineries après le séisme de vendredi. L'annonce du président Obama d'utiliser les réserves stratégiques de pétrole peut contribuer à contenir les cours du pétrole au niveau du seuil actuel, mais la situation restera tendue vu le manque de visibilité en Libye notamment. L'OPEP, qui considère que le marché est bien approvisionné et estime que la hausse actuelle des prix est due surtout à la spéculation, s'est engagée, elle aussi, à intervenir en cas de besoin pour éviter de remettre en cause la reprise de l'économie mondiale. Mais une chose est sûre, le pétrole s'est bien installé au-dessus des 100 dollars.