Depuis quelques jours, des titres de la presse nationale annoncent la tenue de plusieurs réunions à la Présidence. Les «conclaves» en question auraient, selon les mêmes sources, regroupé le chef de l'Etat, les présidents du Sénat, de l'Assemblée populaire nationale, du Conseil constitutionnel et le Premier ministre. Des titres ont aussi évoqué le déroulement, avant-hier, d'une rencontre entre le président de l'APN, Abdelaziz Ziari, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem qui est également ministre d'Etat et Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et Premier ministre. Selon les informations distillées, on parle de réformes et de révision constitutionnelle. Au-delà de la teneur de ces réunions, au demeurant importantes parce qu'elles engagent l'avenir du pays, c'est surtout le secret les entourant qui intrigue. Officiellement, on n'a annoncé aucun projet de révision de la loi fondamentale. Et le président Bouteflika qui a eu autant d'occasions pour s'exprimer sur la situation du pays n'a pas jugé, jusque-là, bon de le faire. Au plus haut sommet de l'Etat, on a même pensé que la contestation était strictement sociale, que les réponses ne pouvaient, elles aussi, n'être que sociales. Alors, c'est étonnant de découvrir aujourd'hui que l'on s'apprêterait à procéder à des réformes politiques, Il faut bien le signaler, dans le secret le plus total, pendant qu'on réprime l'opposition, et monopolise de manière éhontée les médias publics. C'est vrai que la communication et la transparence n'ont jamais été le souci pour ceux qui ont décidé de gérer la chose publique dans le noir. Mais force est de constater que le laboratoire du régime n'a pas encore, malgré le contexte politique et la large contestation qui font vibrer le pays, jugé utile de sortir de l'ombre. C'est dans la pure tradition du système politique algérien, réfractaire à toute ouverture d'un débat général sur les questions qui engagent l'avenir de la nation, de confiner des discussions aussi importantes dans le cercle restreint de collaborateurs au lieu d'en informer les citoyens concernés en premier lieu et d'en solliciter leur appréciation. La manière dont sont conduites les affaires du pays, les réponses réservées à la grogne nationale, à travers la répression de toute revendication à relent politique, et la distribution à tout va de la rente, pour calmer la colère de toutes les franges de la société, sont autant de pièces à conviction sur la nature du pouvoir qui ne montre aucune disposition à s'amender. Il semble préférer irréversiblement l'opacité à la transparence, et le flou à la visibilité. Cette situation qui perdure ne laisse en effet entrevoir aucune réponse sérieuse aux aspirations exprimées par les Algériens tant les responsables du pays ne s'estiment pas comptables devant l'opinion nationale. Le mystère et la clandestinité dont ils entourent les dernières tractations augurent plus d'une tentative de concocter un plan qui sauverait le système que d'une issue qui favoriserait un changement qui remettrait l'Algérie sur les rails d'une vraie ouverture démocratique.