La visite de travail et d'inspection du ministre de la Santé, programmée dans les prochains jours à Annaba et annonciatrice d'un grand orage, fait suite à un état de totale saturation des structures de santé dans la wilaya. Cette saturation frappe particulièrement les 7 unités hospitalières et les 3 cliniques spécialisées sous tutelle du Centre hospitalier universitaire (CHU). Héritées de la période coloniale et malgré les multiples opérations d'extension réalisées, ces structures ont atteint le seuil de l'intolérable en matière de capacité d'accueil. Le projet de la réalisation d'un nouveau CHU datant de 1986 a été abandonné quelques jours avant le lancement des travaux. Depuis, malgré les démarches et les appels des autorités locales, dont ceux des responsables du CHU de Annaba, la situation a empiré. Chaque jour se présente un nombre de plus en plus important de demandeurs de médecines spécialisées ou pour admission dans les services des urgences. Ces demandeurs sont issus des 6 wilayas (Annaba,Tébessa, Souk Ahras, Guelma, Skikda, El Tarf) composant plus de 3 millions d'habitants. La désinformation, la manipulation et les manœuvres de coulisses - opérées par certains que gêne la réglementation en matière de marchés de réalisations d'extensions de structures, d'acquisition d'équipements et matériels médicaux et produits pharmaceutiques - sont pour beaucoup dans la déstabilisation que connaît ces derniers mois le CHU de Annaba. C'est dire que, faute de mettre la main sur ces marchés, les détracteurs des gestionnaires du secteur de la santé de la population ont érigé la délation en culture. Comme si cela ne suffisait pas, le directeur de l'exécutif de la wilaya est monté récemment au créneau. Lors de sa dernière visite des structures de la santé de la wilaya, occultant les problèmes de fond et les explications des responsables et des praticiens membres du conseil médical, le wali a privilégié une démarche populiste. Ce qui n'a pas échappé aux nombreux citoyens, dont des accompagnateurs de malades admis aux services des urgences. « Critiquer le fait qu'il y ait 2 malades par lit n'est pas le problème. La saturation et l'exiguïté des structures imposent aux praticiens d'appliquer cette procédure. A défaut, ils seront accusés de non-assistance à personne en danger de mort. La réalisation de nouvelles structures est impérieuse. Malgré les nombreuses améliorations apportées ces dernières années tant sur le plan de prise en charge médicale que sur celui de l'humanisation des structures du CHU, le secteur est au plus mal », a estimé Mohamed B., un jeune praticien en poste aux urgences. A la direction générale du CHU, l'on s'est gardé de toute déclaration. L'on a cependant précisé que le lancement des travaux de la réalisation d'un centre anticancéreux et d'un hôpital des urgences médicales sera une réalité à partir du début 2006.