Abandonnés à leur innommable misère sociale, les contractuels de l'Armée nationale populaire (ANP), ont observé un sit-in hier, le quatrième du genre, devant le siège du ministère de la Défense nationale. Des dizaines de personnes venues des quatre coins du pays ont pris part à ce rassemblement afin de rendre visible leur détresse. Radiés des effectifs pour invalidité non imputable au service, ces anciens militaires, hommes de troupe et sous-officiers revendiquent tout simplement leurs droits. Ils souffrent tous d'une maladie chronique, atteints alors qu'ils étaient en exercice. Certains sont devenus des diabétiques, il y a également des tuberculeux, des asthmatiques, des insuffisants rénaux, des estropiés... quelques-uns ont frôlé la dépression. Tous gardent des séquelles de la décennie noire. «Nous avons été au devant de la scène, nous avons participé corps et âme à la lutte antiterroriste et, aujourd'hui, l'armée, une institution réputée pour son sérieux et pour la prise en charge de ses enfants, nous lâche», s'indigne un manifestant. Aujourd'hui, l'ultime recours de ces 45 000 contractuels demeure l'intervention du premier magistrat du pays, garant de la Constitution. «Nous demandons au président de la République de se pencher sur notre lamentable situation», lance un des manifestants. Les protestataires regrettent que l'Etat «récompense les terroristes et leurs enfants» alors que les contractuels de l'armée sont marginalisés et exclus de toutes les indemnisations : «Les repentis sont mieux considérés que nous. Ils ont des pensions, des logements, des commerces et autres privilèges, alors que nous, nous n'arrivons même pas à payer nos médicaments ô combien coûteux. Nous voulons vivre dignement, nous qui avons combattu hier, les armes à la main», observe un sous-officier, qui regrette que leur cri de détresse, lancé depuis 2009, ne trouve pas écho. Ces contractuels n'ont plus rien à perdre. Ils ont passé deux nuits devant le département du général-major Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué à la Défense nationale, et ils sont déterminés à poursuivre leur action de protestation jusqu'à satisfaction de leurs revendications des plus légitimes. Hier, une délégation de six personnes a été reçue par un responsable du ministère qui les a orientés vers la caisse de retraite en charge de leur dossier. Les responsables de cette dernière les ont rassurés quant à la prise en charge, incessamment, des demandes ayant trait aux retraites des militaires concernés. Notons que les revendications de ces contractuels de l'armée se résument en une prise en charge médicale, une couverture sociale, des facilitations pour l'accès à l'emploi... La qualifiant de «pension de la honte», les contractuels de l'armée demandent également la révision de la pension d'invalidité qui est de l'ordre de 2800 DA. Ils estiment légitime d'indemniser matériellement les dommages corporels des blessés, le maintien de la pension pour les handicapés même après le décès du concerné en faveur des ayants droit, l'application du décret présidentiel no06-93 du 28 février 2006 relatif à l'indemnisation des victimes de la tragédie nationale. Les protestataires confirment l'installation, il y a deux ans, d'une commission chargée de régler leurs problèmes. «Nous n'avons récolté que des promesses !»