Les Algériens de France attendent avec impatience le match qui opposera aujourd'hui l'équipe nationale de leur pays d'origine au Maroc. Une ferveur sportive, semblable à celle qui a prévalu lors des Coupes du monde et d'Afrique, règne dans certains quartiers populaires parisiens. De Clichy à Ménilmontant, en passant par le quartier arabe de Barbès Rochechouart jusqu'à Belleville, les cafés et les bars s'attendent à être envahis par des centaines de supporters des deux pays. Ces derniers préfèrent voir le match en groupe qu'en solitaires. Au Soleil, un café algérien réputé pour la diversité de sa clientèle, on a mis les bouchées doubles. Un deuxième grand écran a été installé dans la salle pour permettre aux clients de suivre confortablement le derby maghrébin. En effet, lors de la précédente Coupe du monde, il était difficile de trouver où mettre son pied dans ce café transformé, durant près d'un mois, en une arène de football. Les caméras de télévision affluaient de partout pour faire des reportages sur les supporters. Quelques mètres plus loin, d'autres cafés se préparent au rendez-vous. Les écrans bien fixés et les tables bien rangées pour dégager plus de place aux clients. «Mais attention, avertit le patron d'un autre bar, ça n'a rien à avoir avec le match qui a opposé l'Algérie à l'Egypte. Ce jour-là, on a été littéralement envahis». Et d'ajouter : «Ce soir, il y aura des Algériens et des Marocains. Ils regarderont ensemble le match dans l'entente et la bonne humeur. Et que le meilleur gagne.» En effet, l'esprit sportif semble prédominer dans les deux communautés. «Aucun enjeu politique n'est à l'ordre de ce match, analyse Khaled, Algérien gérant d'un supermarché. Les Marocains sont nos amis et nos frères. Nous travaillons ensemble et nous avons des liens familiaux. S'il y a des problèmes politiques entre les deux Etats à cause notamment du problème du Sahara Occidental, ce n'est pas le cas chez les deux peuples qui cultivent des relations d'amitié depuis toujours.» Iliès, un marchand ambulant, espère que le match de ce soir sera une occasion pour faire la fête entre Maghrébins. «Nous devons nous montrer civilisés et accueillir les supporters marocains au stade d'Annaba comme il se doit et conformément à nos traditions d'hospitalité et de bienveillance.» Du côté marocain, le même esprit de fraternité et d'amitié règne. Pour Ali, boulanger dans le quartier des Maraîchers dans le XXe arrondissement de Paris, jouer au Maroc ou en Algérie est en réalité la même chose. «Personne ne doit se sentir étranger dans le pays de l'autre, compte tenu des liens historiques entre les deux peuples». Ali compte d'ailleurs déployer les deux drapeaux sur sa vitrine pour montrer son attachement aux deux pays. «Mon épouse est de Tlemcen. Mes enfants connaissent bien et l'Algérie et le Maroc. Je souhaite juste que l'Etat algérien ouvre les frontières, car ce sera plus facile pour nous de rallier Maghnia depuis Oujda. Voilà ce que j'attends vraiment de ce match. Qu'il soit une bonne raison pour casser les barrières qui nous séparent».