Les pouvoirs publics restent inflexibles devant les revendications des enseignants contractuels. Ces revendications sont-elles à ce point illégitimes ? Ni les rassemblements, ni les débrayages, ni la grève de la faim, ni les tentatives d'immolation, ni les lettres ouvertes, encore moins l'intervention de certains députés n'ont contribué au règlement des problèmes auxquels sont confrontés les enseignants contractuels. Pour arracher leurs droits, ces derniers ont saisi par écrit toutes les instances susceptibles de prendre en charge leurs doléances, notamment le ministre de l'Education nationale, le chef du gouvernement, les députés et les sénateurs. En vain. Ils ont pris part à toutes les actions de protestation afin de sensibiliser les responsables du secteur quant à leur situation critique. En dépit de l'indifférence des pouvoirs publics, ces contractuels «refusent de baisser les bras». Structurés au sein du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC), ces éducateurs, ayant consacré de longues années à l'enseignement, occupent depuis plus de six ans le terrain de la protestation pour réclamer leur droit au respect de leurs sacrifices. Hier, la riposte des services de sécurité au rassemblement qu'ils devaient tenir devant le siège de la présidence de la République, à El Mouradia, a été très violente. Le comble est que, il y a cinq ans, au même endroit et à la même heure, ces enseignants contractuels, hommes et femmes venus de différentes régions du pays, ont été bastonnés. Les revendications de ces manifestants n'ont pas changé depuis 2007. Le slogan était unanime : «Nous ne sommes pas des terroristes, nous voulons un travail. Nous voulons notre réintégration dans notre poste de travail», scandaient alors à tue-tête les enseignants. En 2008, après épuisement de toutes les voies de recours, les enseignants contractuels avaient décidé de jouer leur dernière carte en déclenchant une grève de la faim illimitée. Une grève à laquelle les pouvoirs publics ont été, malheureusement, insensibles. Faut-il rappeler dans ce sens qu'après plus de 40 jours de grève de la faim, 55 enseignants contractuels et suppléants ont suspendu leur mouvement de protestation, et ce, sur ordre des médecins. La dégradation de leur état de santé avait été à l'origine de cette suspension. Ces enseignants n'ont obtenu ni l'intégration ni le paiement de leurs arriérés de salaires. Ils sont pourtant, expliquent la porte-parole du syndicat, les premiers à être envoyés dans des zones à risque et éloignées. Ce que refusent de faire les permanents. Le département de Benbouzid a annoncé, sur concours, l'ouverture de postes budgétaires. Les concernés ne comprennent pas pourquoi ces postes ne leur reviennent pas de droit, eux qui ont passé de longues années à exercer dans le dénuement en contrepartie d'un salaire indécent. «Nous avons participé au concours d'accès au poste d'enseignant, mais à chaque fois le concours est soit annulé, soit ils ne prennent pas en considération les admis, ou alors ils réfutent nos candidatures car, nous dit-on, nous ne remplissons pas les critères», dénonçaient-ils. Les enseignants contractuels n'ont plus rien à perdre.