Pour la première fois depuis le début de leur mouvement de protestation, les enseignants contractuels ont pu tenir leur sit-in devant la présidence de la République sans être empêchés ni tabassés ni interpellés par les services de sécurité. Un dispositif de sécurité a été déployé aux alentours de la présidence. Assis à même le sol, les enseignants, une soixantaine, venus de plusieurs régions du pays, notamment Tipaza, Blida, Annaba, Béjaïa, M'sila, Alger et Adrar, scandaient des slogans hostiles au pouvoir. Ont été brandies des banderoles où l'on pouvait lire : « Barakat el hogra » ; « Stop aux contrats » ; « Nous revendiquons la réintégration » ; « Bouteflika : les contractuels sont dans la misère ». Durant une heure et demie, les enseignants n'ont cessé de tonner en chœur leur vécu et rappeler la genèse de leurs problèmes et leurs multiples déboires. Les manifestants ont réclamé leur intégration dans les postes vacants, la réintégration de ceux exclus « abusivement », l'intégration des contractuels après une année d'emploi, ainsi que l'ouverture des postes budgétaires pour les matières récentes, comme l'informatique.Depuis trois ans, les enseignants contractuels de Tizi Ouzou n'ont pas touché leur salaire. A l'exception des contractuels exerçant dans la capitale, ceux des autres wilayas n'ont, a-t-on expliqué, pas encore été totalement régularisés en matière de salaire et ce, en dépit des promesses du pouvoir. « Les enseignants contractuels de la ville de Béjaïa n'ont pas été payés depuis une année. Nous exigeons l'assainissement de leur situation », a tonné le porte-parole du syndicat. Pour se voir rétablis dans leurs droits, les contractuels ont saisi, par écrit, toutes les instances susceptibles de prendre en charge leurs doléances, notamment le ministère de l'Education nationale, le chef du gouvernement, les députés et les sénateurs. En vain. Ils ont pris part à toutes les actions de protestation afin de sensibiliser les responsables du secteur quant à leur situation critique.Hier, à l'instar des autres sit-in observés devant la présidence et le ministère de l'Education nationale, une délégation s'est constituée pour remettre une lettre revendicative et demander audience auprès de Ahmed Ouyahia et, pourquoi pas, le président de la République. « Nous voulons que justice soit faite. Nous avons été privés de nos droits, alors que nous avons accompli lors de la décennie noire, en bons citoyens, notre devoir d'éducateurs », regrettent ces enseignants qui déplorent également le fait qu'aucun responsable en haut lieu n'ait daigné les inviter pour débattre leurs problèmes. « Nous menons des actions de protestation sur le terrain depuis plus d'une année. Nous avons déposé une dizaine de lettres de doléances auprès des différentes institutions et à l'heure actuelle aucune autorité ne nous a ouvert les portes du dialogue. En parallèle, on nous ressasse dans les médias lourds que la négociation est la devise du pouvoir. De quel dialogue et de quelles négociations s'agit-il ? » déplore un enseignant contractuel.