Ils sont plusieurs enseignants contractuels venus de différentes régions du pays pour manifester leur mécontentement et dénoncer l'indifférence et le mépris des pouvoirs publics. Les enseignants contractuels ont mis à exécution leur menace. Ils ont décidé de jouer leur dernière carte en déclenchant une grève de la faim illimitée. Une démarche qui intervient après l'épuisement de toutes les voies de recours. Ni les rassemblements, ni les débrayages, ni les lettres ouvertes, encore moins l'intervention de certains députés n'ont contribué au règlement du problème auquel sont confrontés les enseignants contractuels. Ils sont près de 1400 enseignants contractuels à Béjaïa à n'avoir pas eu droit à une rémunération depuis trois ans. La grande wilaya du Sud, Adrar, compte pour sa part 235 contractuels qui ne reçoivent leur paie qu'une fois par année, a souligné Mme Maarouf, porte-parole du conseil national des contractuels, lors d'une conférence de presse animée au siège du Snapap. La conférencière a tenu à préciser que les contractuels sont les premiers à être envoyés dans des zones à risque et éloignées de près de 600 km du chef-lieu de wilaya, rien que pour exercer leur métier d'enseignant. Fait, ajoute-t-elle, que les titulaires refusent. A M'sila et à Alger, expliquent ces éducateurs, les contractuels ne perçoivent leurs salaires que deux fois par an. Hier, premier jour de grève, ils étaient plus de 44 enseignants venus de différentes régions du pays, notamment Béjaïa, Alger, Boumerdès, Djelfa, M'sila, pour occuper le siège du Snapap pour manifester leur mécontentement, leur désarroi et aussi pour dénoncer l'indifférence et le mépris affiché par les pouvoirs publics à leur égard. Ces enseignants ont, depuis le début de l'année, multiplié les actions de protestation sur le terrain. Ils ont frappé à toutes les portes dans l'espoir de voir leur situation enfin régularisée, en vain. Alors que le ministère de l'Education a annoncé l'octroi, sur concours, de 26 000 postes budgétaires, les contestataires ne comprennent pas pourquoi ces postes ne leur reviennent pas de droit, eux qui ont passé de longues années à exercer dans le dénuement et avec un salaire indécent. « Nous avons même participé au concours d'accès au poste d'enseignant, comme l'a annoncé et a insisté le ministre de l'Education, mais à chaque fois le concours est soit annulé, soit ils ne prennent pas en considération les admis, ou alors ils réfutent notre candidature car, nous dit-on, nous ne remplissons pas les critères », a indiqué l'oratrice. Mme Maarouf a retracé dans ce contexte la genèse de l'affaire et les déboires des enseignants, mettant l'accent sur les missives adressées aux différentes instances pour la prise en charge de leurs doléances. La dernière en date remonte à quelques jours, lorsque le CN a donné un délai de 21 jours au ministre avant de recourir à une grève de la faim. Le CN a opté pour un délai de 21 jours après avoir obtenu la garantie de trois présidents de groupes parlementaires, du RCD, du MSP et des indépendants en l'occurrence, de formuler par écrit des questions au ministre Benbouzid au sujet de la situation des enseignants contractuels. Le ministre étant tenu par la loi de donner sa réponse dans les 21 jours qui suivent. Cette initiative n'a abouti à aucun résultat, regrettent les contractuels en grève de la faim. A l'unanimité, ces enseignants nous ont fait part de la précarité de leur situation. Cette frange d'enseignants tient à dire à M. Benbouzid qu'il est « inadmissible » et « irresponsable » qu'un enseignant occupe un poste de remplaçant pendant 14 ans sans que la tutelle ne pense à le titulariser. « Si la tutelle ignore cet état de fait, comme l'a soutenu M. Benbouzid, c'est très grave à l'heure de la réforme du système éducatif », estime un contractuel qui fera remarquer que si des postes budgétaires venaient à être attribués, c'est à eux que revient le droit de les obtenir. « Les 26 000 postes doivent être attribués à une partie des contractuels et l'autre partie devrait être payée mensuellement jusqu'à ce que la situation de tous les enseignants soit définitivement régularisée. Nous ne revendiquons que nos droits », précise-t-on. Les grévistes revendiquent l'intégration des contractuels dans leurs fonctions, la réintégration des enseignants exclus, la régularisation des enseignants après une année d'exercice. Ils demandent tout particulièrement la clarification de leur situation, eux qui sont mal payés, mal classés et sujets à la suspension à tout moment. Tout en regrettant l'absence d'une loi qui les protège de ce genre de problème, les contractuels sont déterminés à ne pas baisser les bras et à arracher leurs droits.