Le pouvoir du maire est sérieusement entamé. De nouvelles orientations le mettent à l'écart aussi bien des dossiers sensibles que des doléances quotidiennes de ses administrés. Sa gestion catastrophique du logement et du terrain à bâtir, particulièrement durant les années fortes du terrorisme, est mise en avant pour justifier une volonté non avouée de renforcer davantage le commis de l'Etat au détriment de l'élu local. De l'aveu même de cette catégorie de responsables, leur rôle se limiterait désormais à l'administration de l'état civil de leurs résidents. La banale autorisation d'intervention sur la voie publique dans le territoire de la commune doit avoir, en premier lieu, l'aval du wali délégué. De cette dure réalité, des situations frisant le ridicule arrivent à anéantir l'espoir de toute une localité et parfois même à provoquer des sentiments de frustration capables de se transformer, l'occasion venue, en de véritables mouvements de révolte, à l'exemple des récentes émeutes des citoyens d'El Hamiz, de Bordj El Kiffan et des Eucalyptus. C'est dire que la sempiternelle justification par le manque de financement ne satisfait plus ce citoyen qu'on éloigne, sciemment, du centre de décision, autrement dit, du débat sur la gestion de sa cité. L'expérience malheureuse du mouvement associatif devant être un partenaire privilégié dans la transmission des doléances et une force de proposition face aux problèmes quotidiens du citoyen s'ajoute alors à l'échec du mort-né Comité de la ville (Coville) cher à l'actuel wali d'Alger, puisqu'il est la création même des pouvoirs publics. Cette structure est conçue de sorte à faire participer le citoyen dans la gestion de son cadre de vie et surtout à agir vite, tant tous les intervenants y sont représentés. Les nouvelles orientations de l'administration viennent donc élargir le fossé déjà existant entre les citoyens et leur élu, en recourant aux services du wali délégué souvent loin, ne serait-ce que géographiquement, de l'actualité locale. L'épanouissement de la société civile et l'émergence d'une conscience citoyenne capables de faire contrepoids aussi bien à la bureaucratie qu'à l'esprit sectaire et clanique sont les seuls garants d'une gestion démocratique, même de proximité.