Les gardes communaux dénoncent la réaction du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, et décident de durcir leur mouvement de protestation. La revendication première des protestataires demeure l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle. Après avoir qualifié d'illégales et d'inadmissibles les actions de protestations menées par les gardes communaux, le ministre de l'Intérieur est revenu hier à la charge. Daho Ould Kablia a en effet menacé d'exclure du corps de sécurité toutes les personnes ayant pris part au mouvement de protestation. «Nous allons les exclure du corps. Toutes les autorités militaires et civiles sont décidées à considérer les actes menés par les gardes communaux comme étant des actes d'indiscipline dans un corps de sécurité», a-t-il déclaré avant de souligner qu'«il n'y aura plus de discussions avec les gardes communaux, ni de négociations ni de surenchère». C'est un véritable rappel à l'ordre lancé à l'adresse des gardes communaux protestataires qui avaient pourtant misé sur la personne du premier magistrat du pays pour prendre en charge leurs revendications. Ils l'ont en effet saisi dimanche dernier par écrit et attendaient une réponse favorable quant à leur plateforme de revendications forte de quatorze points. Contre toute attente, ils ont eu cette mise au point de Daho Ould Kablia. Que cherche le ministre de l'Intérieur ? Outrés par cette réponse de Ould Kablia, les gardes communaux ont décidé de le défier en optant pour le durcissement de leur mouvement de protestation. Ils ne quitteront pas la place des Martyrs, tant que les pouvoirs publics continueront à leur tourner le dos. «Nous n'avons peur de personne. Nous avons sacrifié nos vies pour que l'Algérie reste debout. Nous avons abandonné nos familles pour élire domicile dans des écoles et aujourd'hui M. Ould Kablia ose nous traiter de moins que rien !» fulmine un des protestataires. «Le pouvoir doit comprendre que nous sommes prêts à mourir pour notre dignité. Nous sommes capables de marcher vers la Présidence et si on essaye de nous empêcher, on s'aspergera d'essence avant de nous mettre le feu pour nous immoler. De cette manière, Ould Kablia comprendra peut-être notre détresse», a averti un autre représentant. Les gardes communaux ne comprennent pas pourquoi l'Etat a abdiqué devant les exigences des repentis et ignore la détresse des gardes communaux. «Nous revendiquons l'amélioration de notre situation socioprofessionnelle. Beaucoup de gardes communaux ont été révoqués de manière abusive, d'autres sont morts dans l'exercice de leurs fonctions, et certains sont devenus invalides et leurs familles vivent dans la misère totale, nous demandons la réhabilitation de ces gens dans leur dignité. Est-ce un crime M. Kablia ?» s'est interrogé Suissi, l'un des représentants. Les gardes communaux, engagés comme supplétifs de l'armée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, ne réclament aujourd'hui que de la considération de la part des autorités de leur pays. «Nous ne voulons pas la charité de M. Ould Kablia et ses menaces ne nous feront pas fléchir, nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout», lance M. Dif qui a démenti les déclarations du ministre qui a indiqué hier que 99% des gardes communaux ont adhéré aux mesures prises pour la régularisation de leur situation et que sur les 14 revendications émises, 11 avaient déjà trouvé écho. «C'est un mensonge, les 94 000 gardes communaux activant à l'échelle nationale ont réfuté les propositions du ministre et rejeté en bloc le travail des commissions mixtes installées dans ce sens. L'Etat doit assumer ses responsabilités envers nous», révèlent les gardes communaux.