Si vous voulez nous voir, allez sur Google Earth, au beau milieu de la carte d'Algérie, dans un coin du Sahara, à 400 km au sud-est de Hassi Messaoud dont elle constitue le prolongement naturel, qui renferme 71% des réserves en huile de l'Algérie. Nous sommes les grévistes de BRN et nous vous saluerons.» La révolte des travailleurs des régions pétrolières du sud du pays prend une nouvelle dimension avec l'entrée en grèves du travail et de la faim de 18 travailleurs de la société canadienne SNC Lavalin à Bir Rebaa Nord (BRN), située dans la province pétrolière de Hassi Berkine, tandis qu'une trentaine de chômeurs ont bloqué l'entrée de la direction générale de l'Entreprise nationale des services aux puits (ENSP) à Hassi Messaoud, lundi de 8 à 13h. Solidaires d'un de leurs collègues dont le contrat n'a pas été renouvelé il y a deux jours, ce sont des manœuvres, des ferrailleurs et des coffreurs de la SNC Lavalin qui ont décidé de protester contre ce qu'ils qualifient de «licenciement abusif». Leur porte-parole, Abderrahmane Benhenniche, estime qu'«une suspension pour fin de projet ne peut être évoquée comme motif plausible à ce licenciement vu que le chantier continue à tourner avec les travailleurs en place et les nouvelles recrues». Les travailleurs se sont donc joints un à un à leur collègue, qui s'est posté en face de l'entrée principale de la base vie multicatering de Sonatrach, louée par SNC Lavalin pour les besoins de son personnel en poste à 400 km de Hassi Messaoud, plus précisément à BRN, dans le bassin pétrolier de Hassi Berkine, en plein désert. Et c'est au milieu de nulle part que le piquet de grève a été planté pour réclamer plus de considération de la part de la multinationale. Les grévistes n'ont que leurs portables pour communiquer, mais ils se disent visibles sur Google Earth. Un peu plus haut sur la carte d'Algérie, à Hassi Messaoud, ce sont précisément 30 attributaires de bulletins d'embauche, dûment délivrés par l'Agence de l'emploi de Ouargla (ALEM) en date du 3 mars dernier, qui ont décidé de se faire entendre du PDG de l'entreprise, après plus d'un mois d'attente de leurs postes dans l'entreprise. Selon leurs délégués, les portes de l'ENSP leur sont restées fermées malgré le bulletin d'embauche qui est normalement un laissez-passer sans faille. Eux, ce sont des opérateurs et aides- opérateurs sur sonde qui ont réussi, après quatre heures d'obstruction de l'entrée principale de la direction générale de l'ENSP, à se faire introduire et rencontrer M. Oubeira, le PDG de l'entreprise, qui s'est dit très sensible à leur situation et les a convaincus de lever le siège et d'attendre une régularisation de la situation au cours de la semaine prochaine. Un des opérateurs concernés par cette embauche s'est dit prêt à temporiser et à donner le temps au PDG de prendre les mesures nécessaires à leur recrutement parce que, ajoute-t-il, «les auxiliaires ne font pas toujours leur travail vu que le recrutement de ces opérateurs s'est fait par la voie normale, c'est-à-dire une offre transitant par l'ALEM et un choix sur la base des compétences».