A l'ouverture des travaux de la 4e session ordinaire du conseil national du RND, qui s'est tenue hier à la mutuelle de Zéralda (Alger-Ouest), Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti, a axé son intervention sur deux points : la situation politique et sociale qui prévaut dans le pays ainsi que le bilan de l'exercice 2010. Avant de qualifier de très positif ce bilan, Ouyahia a loué d'abord les efforts déployés par l'Etat dans le développement économique et les programmes sociaux. Il a expliqué que le chômage a reculé et que le pouvoir d'achat des salariés s'est substantiellement amélioré, avec la hausse du salaire minimum garanti. «Des troubles exploités» L'orateur n'a pas omis de rappeler le soutien de l'Etat à l'investissement, notamment dans l'agriculture, le tourisme, la petite et moyenne entreprises… Seulement, plus loin, Ouyahia s'est résolu à reconnaître que l'Algérie n'est pas devenue un paradis sans lacunes, sans difficultés à résoudre. Tout en réitérant le soutien du RND au président de la République, Ouyahia a fait remarquer que «les progrès de notre pays ne sauraient camoufler la plaie de la corruption, y compris celle qui salit parfois les prestations de certains services publics en relation avec les citoyens», note-t-il. Abordant les émeutes qui ont secoué le pays au début de cette année, Ouyahia n'accuse aucun clan, mais il s'est dit persuadé que la brutale hausse des prix de certaines denrées alimentaires de base a été exploitée pour le déclenchement de la vague de troubles. «Ces troubles ont été exploités, mais nous reconnaissons aussi que beaucoup de nos jeunes souffrent encore de chômage, et les familles souffrant de la crise de logement se comptent par dizaines de milliers», a avoué le SG du RND qui s'est réjoui de la réaction immédiate des pouvoirs publics, à l'écoute, d'après lui, du cri de détresse des citoyens. Selon Ouyahia, les pouvoirs publics ont rapidement réagi à l'embrasement de la rue en mettant en place des mesures visant à apaiser la contestation : «Toutes ces mesures, conjuguées avec la lucidité de notre peuple, ont permis la préservation de la stabilité du pays ainsi que la mise en échec des attentes et des manœuvres de ceux qui espéraient voir l'Algérie sombrer de nouveau dans une spirale infernale.» «Cobaye» En réponse à ceux qui appellent à une refonte du système, Ouyahia a expliqué que l'Algérie a déjà vécu son printemps démocratique. «Certains ont oublié que l'Algérie, malgré le sang et les larmes, a mis en place il y a déjà 20 ans une démocratie pluraliste. Certains ont vite oublié que l'Algérie a déjà payé un prix sanglant aux calculs politiciens et à la quête du pouvoir pour le pouvoir.» Pour Ouyahia, la sévérité de ton de l'opposition ou de certains titres de presse, qu'il dit respecter, est une preuve que la démocratie et la liberté ne sont pas à inventer en Algérie. Catégorique, le leader du RND a soutenu que son parti est «ouvert à tous les débats et sera partisan de toutes les réformes, y compris politiques». Il s'est dit toutefois opposé «à toute démarche politique de nature à semer de nouveau la division au sein de notre société. Le pouvoir ne se conquiert pas en poussant les enfants du peuple à l'aventure, au service d'une idéologie ou d'une ambition». A cet effet, il a précisé que ni lui ni sa formation politique ne s'accommoderont du fait que «l'Algérie serve de cobaye à quelque puissance que ce soit ou de cible à quelque hégémonie extérieure qu'il soit, car cela serait une infamie nationale que ne pardonneront pas les glorieux martyrs tombés pour la libération nationale». Les travaux du conseil qui prendront fin aujourd'hui se sont poursuivis à huis clos.