Un rapport de la direction générale des fôrets met en exergue la fragilité des arganeraies. Le bois est utilisé pour en faire des charbonnières. L'arganier est à l'honneur. Un séminaire national sur la préservation et la valorisation de l'arganier se tient à Tindouf jusqu'au 11 avril. «L'arganier régresse en termes de superficie et surtout de densité, il y a lieu de prendre des mesures urgentes pour sa préservation, sa valorisation et son classement en aire protégée», peut-on lire dans un communiqué du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. L'arganier (argania spinosa) est un arbre endémique à l'Algérie et au Maroc. Son aire de répartition géographique couvre un territoire relativement important dans le Nord-Ouest de la wilaya de Tindouf où cette espèce constitue la deuxième essence forestière après l'acacia. Un projet avait été lancé en 2008 dans la localité de Touirat avec la réalisation d'un centre forestier et la plantation de 20 ha d'arganier. Une pépinière avait été créée afin d'assurer la production de plants d'arganier et de veiller à la réussite des plantations. Une superficie a été délimitée pour l'exploitation des fruits de l'arganier et une autre uniquement pour son reboisement. Cette opération a nécessité «la réalisation de travaux portant sur le fonçage d'un puits d'un débit de deux litres/seconde et deux bassins réservés à l'irrigation, un dépôt et des entrées menant à la station d'expérimentation, en plus de la création d'une pépinière et l'acquisition d'équipements nécessaires», selon un article du quotidien El Moudjahid. Pourquoi ce déclin ? L'arganier connaît un déclin important pour différentes raisons, d'abord, son bois est exploité pour en faire du charbon, et puis le pâturage n'a pas aidé l'arbre à se régénérer de façon optimale. Au Maroc, où l'arbre est largement exploité, il est passé en moins d'un demi-siècle de 100 arbres par hectare à 30 arbres par hectare. En Algérie, nous comptions quelque 60 000 ha qui auraient régressé pour des raisons de conjugaison de facteurs naturels et de pacages illicites. Un rapport établi par la direction des forêts en 2009, conjointement avec le PNUD, indique que dans la région de Merkala, la présence de pasteurs nomades a eu pour effet la persistance de la pratique du bois de chauffage à travers la création de charbonnières. «Les effets de la déprédation restent visibles sur de grandes étendues à travers les souches et les rejets de souches irréversiblement détruits suite à la persistance de l'action anthropique». Son importance écologique L'arganier est un arbre qui peut vivre jusqu'à 150 ans. Grâce à son système racinaire profond et puissant, il protège les sols de l'érosion éolienne et hydrique. L'utilisation rationnelle de son bois constitue une énergie de chauffage importante et sa solidité peut servir de bois d'œuvre. Ses fruits et ses feuilles peuvent être utilisés comme pâturage pour les chèvres. Quant à l'huile qui peut être extraite de l'amande, elle a des atouts phytothérapiques qui peuvent constituer une ressource supplémentaire aux populations locales. Sur le plan de la biodiversité, l'arganeraie sert de refuge à de nombreuses espèces. «Dans ce contexte, nous citons la présence de la gazelle Dorcas et la forte existence de la gazelle Dama, cela pour ce qui est des antilopes. Concernant les canidés, l'hyène rayée trouve aussi son refuge dans l'arganeraie et reste présente par endroits. Quant à l'écureuil de Barbarie, en situation de déclin, sa présence est avérée au niveau de la région et certains endroits, notamment les encaissements d'oueds et surtout les escarpements rocheux, attestent de sa présence. Il va de même pour une diversité d'espèces toutes protégées, qui trouvent dans l'arganeraie un écosystème propice à la création de refuges», selon le rapport de la direction générale des forêts.