La grève des médecins résidents a été déclarée illégale mercredi, suite à un dépôt de plainte du ministre de la Santé. Douze délégués du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) ont reçu des assignations leur ordonnant une reprise immédiate du travail. Parmi ces délégués interpellés par la justice, neuf n'ont toujours pas été identifiés par le CAMRA, une erreur dans la transcription du nom d'un autre compromet la procédure. Au final, seul le docteur Mohamed Toufik Yelles, délégué de l'hôpital Mustapha, est clairement montré du doigt par le ministre. Il s'explique : «J'ai été sommé d'appeler à un arrêt de la grève en tant que représentant du CAMRA, ce qui est faux, étant donné que le CAMRA est un collectif collégial qui n'a pas de représentant désigné. Mais qu'à cela ne tienne, j'ai appelé les résidents à un arrêt de la grève, leur réponse ne s'est pas fait attendre : un refus catégorique. C'est dire qu'aucun représentant n'est là pour décider à la place de l'ensemble des médecins grévistes déterminés à aller au bout de leur protestation.» Justement, 4600 résidents ont signé, depuis jeudi, pour une poursuite de la grève. Ils rejettent l'intimidation autant que les menaces. Ils se disent prêts à une démission collective s'il le faut. Aux déclarations du ministre de la Santé les accusant de «prendre les malades en otages», ils répondent que «c'est plutôt le ministère de la Santé qui prend autant les malades que les médecins en otages avec une gestion opaque et destructrice du secteur». L'étau se resserre et le bras de fer se corse chaque jour un peu plus. Pendant ce temps, la grève illimitée continue et les hôpitaux tournent au ralenti. Des consultations, des rendez-vous et des opérations chirurgicales ne cessent d'être reportés, alors que les paramédicaux s'apprêtent à entamer un mouvement de débrayage dès demain. Une assemblée générale du CAMRA s'est tenue hier pour débattre de la conduite à adopter face à cette situation de crise. Plusieurs actions de protestation sont envisagées, dont des sit-in dans les jours qui viennent. En attendant, les dernières déclarations de Ould Abbès suscitent de l'intérêt, mais sans pour autant remettre en question la ligne de conduite du collectif. «Les poursuites judiciaires n'ont concerné que 12 personnes, elles ne remettent pas en question la poursuite de la grève et la position du CAMRA», souligne le docteur Amine Benhabib, porte-parole des résidents grévistes. Et d'ajouter : «La tutelle fait dans l'intimidation et la désinformation. A titre d'exemple, nous n'avons jamais demandé la suppression du service militaire comme déclaré par le ministre, mais seulement l'application de toutes les lois le concernant !» Le ministre de la Santé a justement invité les médecins résidents à interrompre la grève jugée illégale et à reprendre les négociations avec le ministère. Ce dernier point suscite autant d'incompréhension que de colère : «Comment et pourquoi reprendre le dialogue dans ces commissions installées la semaine dernière, alors que le ministre lui-même avoue qu'il est incapable de prendre en charge nos revendications?» se demande le Dr Benhabib.