Le mouvement des médecins résidents ne s'essouffle pas. Bien au contraire, il s'amplifie de jour en jour avec toujours plus de persévérance. Les médecins résidents ont poursuivi hier leur troisième jour de grève, avec la même mobilisation massive et la même énergie d'aller au bout de leurs revendications. «Le méga» sit-in prévu à la placette de l'hôpital Mustapha Bacha a attiré une foule de médecins résidents venus des différents CHU et établissements hospitaliers spécialisés d'Alger mais aussi de Blida et de Tizi Ouzou. Plus de 600 médecins résidents ont manifesté «leur ras-le-bol» et réclamé fermement l'abrogation pure et simple du service civil, ainsi que la révision de leur statut, l'amélioration de leurs salaires et la prise en charge de revendications socio- professionnelles. «Donnez-nous nos droits», ont scandé les grévistes, fatigués après trois jours de débrayage mais toujours aussi tenaces. «La grève de trois jours a fortement mobilisé les médecins résidents au niveau national avec des taux de suivi qui dépassent les 95%», a affirmé le Dr Omar Mohamed Sahnoun, l'un des délégués du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). «Nous n'avons plus le droit de faire marche arrière car c'est une question de dignité. Tout ce que nous voulons, c'est que la tutelle nous considère comme des fonctionnaires de l'Etat et nous donne nos droits en conséquence.» «Le dédain de la tutelle face au médecin résident n'a que trop duré et là, c'en est trop», lâche de son côté, le Dr Amine Benhabib, un autre délégué du Camra, qui annonce que «les grévistes vont reprendre le travail aujourd'hui pour revenir à la charge dès la semaine prochaine. «Face au mépris du ministère de la Santé, le Camra qui représente le seul représentant des médecins résidents compte durcir le mouvement de protestation et envisage prochainement la grève illimitée», a expliqué notre interlocuteur. Selon lui, «une réunion est prévue ce week-end avec la participation des représentants des différentes wilayas pour aboutir à un consensus général et décider du recours à la grève illimitée», dit-il. Le collectif des médecins résidents, par la voix des délégués que nous avons rencontrés, a dénoncé l'attitude du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbes, et «les manœuvres visant à casser leur mouvement, notamment les pressions et les instructions adressées aux directeurs des hôpitaux, leur demandant d'effectuer des ponctions sur les salaires des grévistes», disent-ils. «Les provocations et les intimidations de la tutelle ne vont en rien affaiblir notre détermination et notre combat pour la valorisation du médecin résident dont les droits sont totalement dénigrés», affirment nos interlocuteurs. «Nous allons lutter ardemment jusqu'à obtention des revendications, essentiellement l'annulation du service civil, une mesure discriminatoire et anticonstitutionnelle», ajoutent les représentants du Camra. Evoquant la déclaration du ministre de la Santé qui avait indiqué qu'une invitation avait été adressée aux représentants des médecins résidents pour des négociations, les délégués du Camra ont affirmé «n'avoir reçu aucune invitation officielle» de la part de la tutelle, précisant que «le collectif est le seul représentant des médecins résidents» et qu'il reste «ouvert au dialogue» afin d'éviter «un pourrissement de la situation». A. B.