Les pharmaciens hospitaliers ne sont pas protégés, ils sont toujours exposés à de multiples problèmes. Les pharmaciens hospitaliers qui étaient hier au centre des débats des deuxièmes journées de pharmacie hospitalière, organisées depuis dimanche par le conseil de l'Ordre des pharmaciens d'Alger à l'hôtel El Aurassi, n'ont pas manqué de relever que la profession souffre encore d'énormes difficultés qu'il faudra résorber. Le rôle et la place du pharmacien hospitalier dans les structures publiques manquent, selon eux, de clarté. Le paysage réglementaire de cette profession est vide. Les pharmaciens hospitaliers sont mis aux oubliettes. Par ailleurs, outre le manque de médicaments auquel font face les pharmaciens dans plusieurs secteurs sanitaires, les conditions de travail ne sont pas aussi reluisantes. Autre problème relevé, le manque de pharmaciens dans les hôpitaux. D'aucuns se sont également interrogés sur la gestion des médicaments dans les structures dépourvues de pharmacien hospitalier. « Il y a des pharmacies sans pharmaciens dans les hôpitaux. » Cette déclaration du président de l'Ordre des pharmaciens, le professeur Lhouari Abed, résume la manière avec laquelle est gérée cette profession dans les structures de la santé publique. Pour le docteur Chelali Khadidja du CHU de Constantine, la gestion des médicaments et des marchés nécessite plus de transparence. Elle suggère d'ailleurs le renforcement des prérogatives des pharmaciens hospitaliers. Certains déplorent aussi le manque de pharmacies dans les cliniques privées. Une autre problématique, non des moindres, concerne l'approvisionnement de la pharmacie hospitalière, la contractualisation et la nomenclature du code des marchés publics, stratégie d'achat des produits pharmaceutiques. Pour le président de l'Ordre des pharmaciens, il y a deux années, l'approvisionnement auprès de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) était le seul moyen d'assurer la disponibilité et la qualité des produits hospitaliers. L'approvisionnement peut se faire aujourd'hui auprès des marchés publics, mais en privilégiant les produits locaux et en exigeant que le médicament soit commercialisé dans le pays où il est produit. Dimanche, premier jour de cette rencontre, les participants ont appelé les jeunes diplômés dans cette spécialité à se diriger vers le secteur hospitalier. Le président du conseil national de l'Ordre des pharmaciens, le professeur Lhouari Abed, estimera qu'« il est nécessaire d'assurer une carrière motivante et intéressante aux jeunes pharmaciens dans le secteur hospitalier afin de les empêcher d'aller vers les officines ». Il a fait savoir qu'il y a actuellement 8000 pharmaciens au niveau national, dont 80% exercent dans des officines et les 20% restants dans le secteur hospitalier. Le professeur Abed a relevé qu'avant l'année 2007, les deux tiers des hôpitaux ne disposaient pas de pharmaciens, soulignant que depuis lors, la situation s'est « améliorée », mais « il y a encore des places vides dans les hôpitaux », a-t-il fait remarquer, souhaitant qu'« un statut attractif et une carrière motivante soient offerts aux jeunes qui optent pour le secteur public ». Il a révélé que « certains pharmaciens hospitaliers ne bénéficient pas du traitement qu'ils méritent réellement », précisant qu'il « faudrait les mettre dans un plateau technique, à savoir dans les laboratoires de biologie, l'imagerie médicale et la transfusion sanguine, au lieu de les confiner dans un bureau de l'économat ».