A voir de plus près les séquelles des sauvages opérations de défrichements causées, dans un passé récent sur toute l'étendue du bassin versant, le manque flagrant de protection des berges du barrage contre le processus de l'érosion et le lancinant phénomène de l'envasement qui a atteint des proportions vraiment alarmantes, l'on ne serait pas loin de le croire. D'autant plus que la spécificité frileuse des sols dans la région s'est traduite jusque-là par de mémorables et dramatiques glissements de terrain à répétition. La situation de cet immense ouvrage conçu pour l'AEP de six wilayas de l'Est, à savoir Mila, Batna, Constantine, Jijel, Oum El Bouaghi et Khenchela ainsi que l'irrigation de quelque 30 000 ha, est si préoccupante qu'elle nécessite des thérapies adéquates et un plan de redressement à toute épreuve. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les projections futuristes, mais à court terme, du nouveau locataire de la conservation des forêts, Rabah Ouettar qui, en parfait connaisseur du domaine, a d'ores et déjà balisé le terrain des programmes qu'il compte mettre à exécution après avoir dressé un état des lieux exhaustif. Il est inconcevable tout de même au vu des énormes potentialités forestières de la wilaya que l'on soit arrivé tout juste à reboiser 30 000 ha sur une superficie totale de la wilaya qui en compte 340 684 ha, soit un taux de couverture de 9%. D'où la question : que faisaient les ex-conservateurs qui sont passés à la tête de cette institution face au délitement effréné de tout le périmètre du bassin versant, sinon qu'ils excellaient dans le « violon d'Ingres » en privilégiant à en mourir les actions de proximité à impact très limité, comme celles qu'ils qualifiaient de « corrections torrentielles » ou encore d'ouverture de « chemins vicinaux » ? En tout état de cause, le premier responsable de l'administration forestière semble mettre les bouchées doubles, tablant sur la concrétisation d'un programme ambitieux qui consiste à réaliser 2500 ha de reboisement (le Pin d'Alep, l'eucalyptus et le cyprès) en espèces concourant à la stabilité des sols et à la protection de la pédogenèse, 1300 ha de repeuplement et 600 ha de travaux sylvicoles. Inscrits officiellement au titre des exercices 2006-2007, ces chantiers prometteurs ont nécessité la mobilisation d'une enveloppe de 29 milliards de centimes et seront confiés à des entreprises ayant fait leurs preuves sur le terrain, sur la base de cahiers des charges rigoureux. « L'ère des bricoles est bel et bien révolue et il est temps de faire le grand ménage », selon le nouveau conservateur des forêts qui se veut un rempart et une main de fer contre les atteintes et les agressions à l'endroit du bassin versant du barrage. Sa ferme volonté affichée de traquer la « flopée » d'indélicats exploitants agricoles qui, depuis quelques temps, ont indûment utilisé des terrains en pente situés à proximité du lac du barrage à des fins de culture maraîchère, favorisant ainsi la déstabilisation de la pédogenèse qui deviendra à l'évidence un facteur d'érosion hydrique, se décline comme un avertissement ouvert aux prédateurs de l'environnement. Il faut cependant souligner que ce fleuron hydraulique national a consommé des centaines de milliards au titre des différents programmes sectoriels, pour ne citer que le programme de soutien à la relance économique (PSRE) et celui des travaux d'utilité publique à haute intensité de main-d'œuvre (TUP-HIMO). Protéger, voire secourir, ce géant de l'hydraulique dans la perspective imminente de sa mise en exploitation est donc un enjeu de taille et une question d'intérêt national.