Il se sent vraiment chez lui ! C'est l'impression que nous avons eue en voyant Richard Bohringer se prêter à une interview d'une consoeur d'un journal arabophone régional, à notre entrée dans un des salons de l'hôtel Panoramic de Constantine, où a eu lieu avant-hier la conférence de presse qui annonçait la 2e édition des Journées internationales du conte et du récit, qu'abrite depuis hier le théâtre régional de Constantine. Etendu en largeur - dans une drôle de posture - sur son petit fauteuil, tête penchée vers l'arrière et jambe droite appuyée sur l'accoudoir, Richard Bohringer, qui s'était défait entre-temps de ses chaussures, s'adonnait au jeu des questions-réponses avec une allégresse presque enfantine, saluant d'un clin d'œil sympathique les gens qui le rejoignaient au fur et à mesure dans cette petite pièce de l'hôtel. On l'entendait chanter, prier, et presque hurler son amour pour l'Afrique. Il voulait que tout le monde le sache, même si cet amour est connu de tous depuis qu'il s'est fait naturaliser sénégalais en 2002. L'acteur français s'est dit aussi profondément attaché à l'Algérie: «C'est un vrai bonheur d'être là, je pétille de vie, cela va me permettre de me refaire une mémoire et même de m'en faire une nouvelle.» Les acteurs, journalistes et artistes, étant au complet, ce bref moment très amical sera interrompu pour laisser place à la conférence de presse où Richard sera rejoint par Sid-Ahmed Agoumi, un des monuments du cinéma et du théâtre algérien. Celui-ci, approuvé par Richard dans ses propos, donnera le ton en déclarant: «Les artistes venus participer à ces journées du conte ne sont pas là pour sauver le théâtre algérien…Nous voulons à travers nos contes et nos récits transmettre notre plaisir de la lecture et surtout donner aux gens l'envie et la curiosité de lire un livre. C'est là notre objectif principal.» Pour sa part, Richard dira être tombé amoureux très jeune des mots, même si ses débuts de mécanicien et de boxeur ne le prédestinaient pas du tout à cette vocation, devenue le moteur de sa vie aujourd'hui. Il écrit des livres, compose des chansons… Pour lui, «les mots sont essentiels ». « J'aime follement les mots, car les mots portent l'espérance», a-t-il ajouté. De l'avis du Franco-Libanais, Jihad Derrouiche, le conte, et contrairement à ce qui est perçu, n'a pas un but moralisateur, mais c'est plutôt une courroie de transmission des faits, de l'histoire tout simplement, qu'elle soit tragique, héroïque ou tout simplement mythique. Il dira au final: «Dans le conte, les gens prennent ce qu'il y a à prendre puisqu'on ne leur suggère rien. On ne fait que raconter une histoire.»