Selon un certain nombre de fellahs, la phœniciculture de Khanguet Sidi Nadji, « ne nourrit plus son homme, a soif et risque à son tour, si la sécheresse persiste, de voir s'étioler les palmiers centenaires qui faisaient notre fierté », et le prestige de cette oasis de montagne, lovée à la sortie du canyon que Oued El Arab a profondément creusés durant des millénaires dans l'argile rouge des derniers contreforts de l'Atlas saharien, un site pittoresque qui mérite bien le détour. Situé à une centaine de kilomètres au nord-est de Biskra, le village natal de Sidi M'barek Ben Nadji disposait, avant l'érection d'un barrage dans la wilaya voisine de Khenchela, d'une quantité appréciable du précieux liquide qui lui évitait les années de vaches maigres. Or, aujourd'hui, privés d'eau par la construction de ce barrage en amont de leur village, ces mêmes fellahs disent qu'ils ne peuvent plus compter que sur l'eau puisée à partir de l'unique forage de l'oasis, dont le maigre débit est loin de satisfaire les besoins élémentaires des 30 000 dattiers que compte la région. Par ailleurs, les 3000 ha de terres fertiles de Djenah Lakhdar, situés au sud de la commune, de part et d'autre de la RN 83 qui mène de Zeribet El Oued à Khenchela via El Khangua, jadis irrigués à partir de l'oued El Arab par un réseau de seguia long de 14 km, sont en jachère et ont perdu leur tapis verdoyant de blé et d'orge. Les jeunes fellahs qui les cultivaient naguère seraient tous partis louer leurs bras sous d'autres cieux, plus cléments. « Le comble ajoutent ces mêmes fellahs, c'est qu'après la disparition du froment produit à Djenah Lakhdar, notre village ne fabrique même plus son pain quotidien puisqu'il nous vient du chef-lieu de la daïra située à 15 km pour la bonne raison que l'unique boulangerie municipale n'a pas trouvé preneur ! »